Le fonctionnaire







J’ai fait carrière dans la Fonction Publique. Fonctionnaire, comme on dit! Je préfère le mot anglais : Public Servant et toutes ces années, du premier au dernier jour, je n’ai jamais oublié que j’étais « au service des autres ». Mais le mot fonctionnaire me rappelle seulement que je ne suis qu’un tout petit rouage d’une énorme mécanique gouvernementale.

Comme tout le monde, j’ai fait de bonnes et de moins bonnes choses, et tout cela m’a permis d’acquérir plus d’expérience de sorte que je suis devenu un « Public Servant » plus efficace. (En fait c’est beaucoup plus fantastique que cela : ce n’est que le mental qui distingue bonnes et mauvaises choses; au-delà du mental les choses sont ce qu’elles sont, sans distinction de bonnes ou non. Ce que le mental appelle « de bonnes choses » est une sorte de leçon, et ce qu’il appelle « de mauvaises choses » est une autre sorte de leçon : tout dans la vie sert à nous permettre d'acquérir de l'expérience et de devenir meilleur; n’est-ce pas formidable?)

Cette dernière remarque est très intéressante et nous éclaire sur la nature du mental dont nous sommes si fiers (et on se souviendra que « fonctionner » veut dire AGIR –et un fonctionnaire, c’est celui qui AGIT de manière convenable –n’en déplaise à ceux se plaise à dépeindre un fonctionnaire paresseux ou endormi). Ce n’est QUE le mental qui qualifie. Le mental excelle à analyser les choses : « Voyons! Cette chose a bien telle et telle composante, non? » C’est très utile pour agir : on ne peut agir sur le tout? Alors on agira sur chacune de ses composantes. Mais pour connaître c’est pitoyable : ce n’est pas la pire façon de connaître, mais c’est bien proche.

Même la science, fille du mental, malgré ses méthodes si intéressantes, n’avance qu’à pas de tortue : pour une question à laquelle elle trouve une réponse, elle s’en pose dix nouvelles. Et non seulement elle trouve cela normal, mais en plus elle jubile : Voyez comme nous avançons! 1

Nous sommes encore des bébés de l’évolution. Il y a encore des milliers et des milliers de choses à découvrir. Nous avons tous au plus profond de nous des facultés inouïes que nous n’avons pas développées. Et pourquoi ne les avons-nous pas développées? Simple! Parce que ce cher mental n’y croit pas puisqu’il est incapable de les voir; et s’il ne peut les voir, eh bien ces facultés n’existent tout simplement pas pour lui.

Ce mental est extraordinairement obtus (et de plus il est excessivement limité). Dans Pensées et aphorismes Sri Aurobindo dit même de lui : « Le mental fut une aide, Le mental est l’obstacle. Conclusion : si nous voulons développer ces facultés nous devons absolument passer outre le mental; pas le détruire car nous avons bien besoin de lui : il est si utile lorsqu’il est à sa place. Le problème pour nous, c’est qu’il ne veut pas rester à sa place (ou plutôt il croit que sa place, c’est partout. Résultat : plus de place pour personne d’autre et surtout pas pour l’âme dont les facultés extraordinaires pourraient compenser les terribles limitations de notre mental).







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