Tout le monde sait ce qu’est un miroir : une surface suffisamment polie pour qu’une image s’y forme par réflexion1. C.a.d. qu’un miroir a la particularité de refléter l’image de celui qui se regarde dedans. Autrement dit, si on veut savoir à quoi on ressemble, on se regarde dans un miroir.
Alors tu ne seras pas surpris d’apprendre qu’il ne fait pas que refléter fidèlement l’image de notre corps; il est aussi chargé d’une forte connotation symbolique puisqu’il permet de se voir tel que l’on est (défauts et qualités).
En mentionnant le symbolisme du miroir, je ne veux pas parler de son association avec la vérité (= ce qui est), comme le miroir magique dans Blanche-Neige2, ni de ce qui montre le contraire de la vérité (puisque notre reflet est inversé), comme le Chevalier des Miroirs dans Don Quichotte (Cervantès), ni même du « stade du miroir » tel que décrit par la psychologie cognitive3. Mais puisque je parle de psychologie et de cognition, je veux réfléchir (comme un homme, pas comme un miroir!) sur une de ses significations spéciales : le symbole du miroir comme outil de connaissance de soi.
L’autre (ou plutôt les autres) est un miroir pour moi. Qu’est-ce que cela veut dire? Un miroir reflète mon image et me permet de me voir tel que je suis, et grâce aux autres, qui me renvoient mon image, j’apprends à savoir qui je suis, c.a.d. à connaître mon caractère (qualités et défauts –que je préfère appeler caractéristiques : ce qui nous caractérise). Je sais qui je suis : j’ai tels défauts et telles qualités. Si vous le savez, c’est parce quelque chose ou quelqu’un reflète votre image psychologique. Je vous mets au défi de savoir que vous êtes colérique, par exemple, si vous ne vous fâchez pas après quelqu’un.
Si les autres reflètent mon image ça veut dire que j’ai absolument besoin d’eux pour savoir qui je suis. S’il n’y avait personne d’autre et je sois seul au monde, impossible de savoir qui je suis ou de connaître quels sont mes défauts et mes qualités. En fait si par impossible j’étais seul au monde, savoir qui je suis ne présenterait aucun intérêt car sur qui mes défauts ou mes qualités auraient-ils une incidence?
Or, défauts et qualités me sont très utiles pour savoir si je m’éloigne ou si je me rapproche du bonheur. Et être heureux n’est-il pas le but que nous poursuivons tous plus ou moins inconsciemment? Montrez-moi quelqu’un dont le but dans la vie est d’être malheureux!
Mais comment pratiquement l’autre m’apprend-il à connaître mes défauts et mes qualités? La colère, par exemple : si je me fâche contre quelqu’un, je ne lui paraîtrai pas sympathique et il ne sera pas bien disposé à mon égard. Grâce à lui j’ai donc appris que 1) je suis colérique, et 2) ce n’est pas un bon moyen. Peu à peu je me fâche moins et à la longue je deviens plus serein. Grâce à toutes ces autres personnes, j’ai transformé quelque chose qui m’éloigne du bonheur (la colère) en une chose qui m’en rapproche.
Comme dit le karma : toute action appelle une réaction (ou une conséquence) et c’est par la conséquence que j’apprends. Je me suis fâché et la conséquence n’a pas été bonne : alors j’ai appris (progressivement) à ne plus me fâcher. Résultat : je suis plus heureux et l’autre aussi. Et c’est à lui que je le dois. (En réalité mon bonheur et le sien sont intimement liés)
Alors tous ces autres, connus ou inconnus, sont non seulement utiles mais essentiels pour moi. Sans eux je n’ai aucune chance d’être heureux un jour; je ne peux donc pas me passer d’eux. J’ai donc avantage à les traiter « comme je me traite moi-même » disent toutes les grandes religions.
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1) Voir l’encyclopédie online
Wikipedia. 2) Dans Blanche-Neige des frères Grimm, il appartient à la reine et répond à sa maîtresse lorsqu’elle lui demande si elle est la plus belle. Incapable de mentir, il est le symbole de la Vérité. 3) Cf. le psychanalyste français Jacques Lacan (1901=1981) et le stade du miroir.
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