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Libido, plaisir et joie


Libido4

Tournesol_thumb_thumb_thumb_thumb_th[2]Je te salue ami

Un écrivain développe généralement son sujet d’une façon logique, en mode linéaire, avec introduction et conclusion. Personnellement, bien que je sois logique aussi (on me comprend facilement du début à la fin), mes écrits sont en mode cyclique, c’est pourquoi je commence à parler d’un sujet et finis souvent avec un autre.
Cette façon de procéder, bien qu’elle ne soit pas très courante, a aussi son charme: c’est comme se promener dans une vaste forêt. On a beau observer le chêne majestueux tout près, l’attention est bientôt accaparée par cette superbe talle de menthe poivrée au bout de la clairière; puis ce buisson épineux un peu plus loin. Et petit à petit on s’éloigne du sujet principal.
En relisant cet article, je me suis aperçu qu’il commençait par parler de libido et finissait par la joie, en passant par le plaisir: une aventure pleines de belles découvertes, à laquelle je te convie.
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Pour beaucoup de personnes le mot libido est synonyme de désir sexuel, d’énergie sexuelle ou de pulsion sexuelle; bref, dans l’esprit de beaucoup, la libido est liée à la sexualité; on parle même de libido masculine et de libido féminine. Jigétymologiquement ce mot viendrait de LIT-BI-D’O. LIT : meuble qui favorise la position horizontale; BI : deux, homme et femme (comme dans bisexuel); D’O, abbrév. de duo (comme dans “s’entendre à merveille pour chanter la même chanson”). LIT-BI-D’O: homme et femme qui s’entendent à merveille à l’horizontale.
Dans le passé ce mot a été employé par des philosophes comme Saint Augustin ou Spinoza dans le sens d’appétit sensuel, mais c’est Freud* qui lui a donné la connotation sexuelle que l’on connaît aujourd’hui; pour Jung*, fortement influencé par les philosophies monistes orientales, libido était synonyme d’énergie psychique, souvent (mais pas forcément) liée à la sexualité.
Pour Freud, libido est synonyme de sexualité; elle s'étale sur toute la vie (il y distingue notamment les phases orale, anale et phallique) et vise l'obtention d'une satisfaction.
Pour Jung toutefois, ce n'est pas la sexualité qui est le moteur du psychisme, mais une énergie vitale indifférenciée qui s'exprime parfois par la poursuite du plaisir sexuel, mais aussi par la lutte pour le pouvoir, la création artistique, ou diverses activités. Cette énergie vitale est double: une partie physiologique (énergie corporelle) et une partie psychique ou libido (énergie mentale).










En fait la libido est beaucoup plus qu’une simple question de sexualité; de même que le mot “érotique” est lié au DÉSIR en général (dont le désir sexuel n’est qu’une petite partie), ainsi “libido” est lié au PLAISIR (et le plaisir N’EST PAS seulement sexuel, et n’est ni masculin ni féminin, comme le laisse entendre l’acception moderne du mot).
À notre époque de fin de cycle (fin d’une civilisation*), il y a une forte tendance à tout matérialiser avant de passer à une étape ultérieure de notre développement en tant qu’espèce. Ainsi l’être humain est réduit à n’être qu’un “corps humain”, et la libido, à n’être qu’un simple plaisir sexuel. Il y a même des gens qui envisagent une société où l’on célèbre “une sexualité saine dans une diversité d’expression”. C’est un très pauvre objectif (comme un enfant qui a du plaisir à jouer, et qui ne peut envisager qu’un avenir avec plus de jouets, qui lui donneront plus de plaisir). NON! Être enfant n’est QU’UNE étape de la vie; après on devient adulte (et être adulte est source de beaucoup plus de plaisir qu’être enfant).
* FIN D’UNE CIVILISATION. Parler de FIN DU MONDE est le signe d’une conception linéaire de la vie: il y a eu un commencement, un long développement, puis c’est la fin et tout est détruit/meurt (tout comme au commencement tout a débuté). La conception cyclique est très différente: après la fin est un nouveau commencement à un niveau supérieur (tout comme avant le commencement il y a eu la fin d’autre chose): dans un processus de croissance, c’est une nouvelle étape de développement qui commence.
La différence entre mode linéaire et cycle est très bien expliquée dans le déroulement du jour: il débute à l’aube, puis c’est le matin, le midi, l’après-midi et le soir; et à la fin du soir, c’est la fin du jour. Mais ce n’est pas LA fin: demain il y aura un autre jour (différent de celui d’aujourd’hui).










De nos jours, on ne connaît pas le plaisir de vivre: il y a une réelle joie  à être vivant (composée d’une infinitude de moments de joie), et si on ne connaît pas cette joie, il faut apprendre, c’est tout. En fait TOUTE la vie procure de la joie, mais comme nous ne ressentons pas cette joie, nous recherchons son plus proche succédané: le plaisir.
Dans un autre article j’ai dit que nous étions entourés d’une beauté époustouflante que nous étions INCAPABLES de percevoir. Il faudrait ajouter que ce monde, qui est beauté splendide, est aussi joie inouïe. Et nous ne percevons RIEN de cela parce que notre perception est DOUBLE: parfois une chose nous paraît belle mais pas une autre; ou encore le contact de telle chose nous procure de la joie, mais pas le contact avec telle autre. Eh bien, c’est une perception très limitée: TOUT est beau, et TOUT est joie (mais l’Homme est si plein de lui-même qu’il ne considère comme joie que ce que LUI appelle joie, et si quelqu’un trouve de la joie dans ce que LUI n’appelle pas joie, alors il le qualifie de masochiste).
Le plaisir ne remplacera jamais la joie (la joie d’être et la joie de tous les contacts -agréables ou désagréables). Et bien que tout ce qui est agréable cause du plaisir, il est vain de ne rechercher que les choses agréables. La vie n’est jamais faite de choses agréables seulement, elle apporte aussi son lot de choses désagréables qui causent peine ou souffrance. Or, ce que l’on veut, c’est goûter TOUTE la vie, pas seulement les moments agréables. L’expérience montre qu’on peut parfaitement ressentir de la joie dans les pires moments de souffrance (sans être masochiste pour autant). En fait, il existe un état d’être où TOUTE CHOSE (qu’elle nous soit agréable ou non) procure de la joie.
La vie est TOUJOURS faite de moments heureux ET de moments malheureux. TOUJOURS. SANS AUCUNE EXCEPTION. Alors ceux qui enseignent que pour être heureux dans la vie il faut augmenter le nombres des moments agréables et diminuer celui des moments désagréables ne connaissent ni la nature de l’être humain ni celle de la vie; ce qu’ils disent est impossible et JAMAIS personne n’est devenu heureux de cette façon.
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2 commentaires:

Youkali a dit...

De la Joie au Chatouillement, Selon Spinoza
La joie de prendre plaisir se comporte par trois autres concepts: la Joie désigne l'augmentation de la puissance de l'Esprit; l'Allégresse désigne l'augmentation de la puissance de tout le Corps, et le Chatouillement l'augmentation de la puissance d'une partie du Corps seulement.
Extrait de "Spinoza, l'allègre savoir", Par Maxime Rovere
Magazine littéraire, octobre 2010, (Dossier Plaisir)
Merci de votre billet, JG
Je pense aussi à l'orgone de Reich, mort en 1957. Un leitmotiv chez lui que de tenter d'équilibrer sa vie entre travail, connaissance et libido.

Mon humble grain...Youkali

Jigé a dit...

Salut Youkali et merci de ton commentaire enrichissant. C’est vrai que la joie (allégresse, félicité) est un concept-clé dans l’oeuvre de Spinoza. Pour lui, le DÉSIR est une "puissance d’exister" qui, lorsqu’elle est affirmée cause nécessairement la JOIE. Il parle de la recherche de ce "vrai bien" qu’est "la permanence d’une joie souveraine et parfaite" tout comme je parle du "vrai moi" (que le moi ordinaire appelle "âme").

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Laval, Québec
L'AVC qui a laissé mon corps handicapé en 1990 m'a aussi donné une compréhension inouïe de tous les êtres vivants (surtout humains mais aussi animaux).
Les scientifiques disent que nous utilisons seulement 10% du cerveau. Peut-être mon 10% s'est-il légèrement déplacé car des choses qui sont faciles à la plupart me sont impossibles ou difficiles et des choses qui leur sont extraordinaires sont très ordinaires pour moi.

Mes amis disent que je suis philosophique car je ne prends pas la vie pour acquis: je la questionne jusqu'à ce qu'elle me donne des réponses. Mais cela m'a amené à découvrir quelques uns de ses secrets, et ces secrets, je veux les partager avec toi, ami. (Voir L'HOMME QUI CHERCHAIT DES RÉPONSES -juil. 2008)

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