Question de vocabulaire
Ami lecteur je te salue
Une de mes amies, blogueuse depuis peu, se dit matérialiste, mais je crois qu’il s’agit de ce que j’appelle «une matérialiste de circonstances», les circonstances l’ayant poussée là plutôt qu’ici. Mais cette description est susceptible de correspondre à un certain nombre de ceux qui me lisent. Sa question, très intéressante, pourrait donc intéresser plusieurs de mes lecteurs. Aussi ai-je décidé d'y répondre par un article que tous peuvent lire.
C’est vrai que pour expliquer des notions qui me sont familières, j’utilise un vocabulaire «spiritualiste» qu’un matérialiste ne comprend pas nécessairement; même un «vrai spiritualiste» ne comprend pas nécessairement non plus car je ne suis pas vraiment spiritualiste; pour moi ce qui importe, c’est l’être humain, qu’il soit spiritualiste ou non.
Mais je suis bien d’accord que pour pouvoir comprendre ce que j’essaie d’expliquer, on doit absolument savoir quel mot j’utilise pour tenter d’expliquer telle notion. Or, c’est long et complexe à dire; c’est en fréquentant ce blog que l’on se familiarise peu à peu avec les termes utilisés. Mais voici quelques notions de base, en commençant par deux termes fondamentaux: l’âme et le mental.
«L’Homme est un être de transition» écrivait Sri Aurobindo il y a un siècle. Transition entre l’animal dont il est issu, et sa nature divine (l’âme), qui est encore à découvrir (c.a.d. que ce n’est qu’un potentiel chez lui). L’Homme, être mental, est donc à cheval entre deux façons d’être complètement différentes. Un porc est un porc et il ne lui viendrait jamais à l’idée qu’il puisse être un rat ou une marmotte; pour lui sa nature porcine est évidente car elle s’impose à lui sans lui demander son avis.
Chez l’Homme cependant, c’est tout à fait différent. Il est tiraillé entre son corps d’origine animale (évidente, et prouvée par la science) et une âme d’origine divine (qu’il pressent plus qu’il ne la connaît). Entre les deux est le mental, faculté remarquable sous certains aspects, et très limitative sous d’autres. Décidément, l’être humain occupe une position inconfortable et il est tout à notre avantage d’aller à la prochaine étape de l’évolution.
Le mental, qui est très progressiste, est ainsi fait qu’il a absolument besoin d’un problème à résoudre pour trouver la solution, et ainsi pouvoir progresser (cf. Trouver la solution). De plus, le mental est incapable de voir les êtres et les choses tels qu’ils sont (et dire que la science est basée sur le mental; enfin…). L’Homme ne peut voir qu’une APPARENCE de réalité telle que lui montre ses lunettes mentales déformantes. La «réalité réelle» lui échappe donc complètement. Il ne voit pas LE monde, mais seulement un monde très humain (de la même façon qu’un chat ne voit pas LE monde, mais seulement un monde très félin).
Un être de transition, c’est quelqu’un qui va de là à là. La science nous dit très bien d’où on vient, mais où on va… là mystère (elle croit même que l’évolution s’arrête à l’Homme et qu’il va progresser indéfiniment –à moins qu’il ne disparaisse). Donc pas de réponse de côté-là. La spiritualité a une réponse très intéressante (mais est-ce vrai, ça reste à vérifier; et ça, chacun doit le faire individuellement –néanmoins elle offre des moyens pour le vérifier).
Elle nous apprend que tout (absolument tout –minéral, végétal, etc.) est d’origine divine –puisqu’il n’y a que le divin et rien d’autre- mais que seulement l’être humain est capable de Le1 découvrir (puisqu’il a le développement mental nécessaire). Notre véritable nature (inconnue et inconsciente) est donc divine; je l’appelle notre «être central» pour souligner son importance –car sans lui nous n’existerions même pas; le mental l’appelle notre âme. Comme elle est d'essence divine, elle a tous les attributs du divin. C’est donc tout à notre avantage de devenir conscient de notre véritable nature (voir l’histoire du lionceau dans Tu es éternel).
La science et la spiritualité sont toutes deux basées sur l’expérience, tandis que la religion est basée sur le dogme. Il y a plusieurs semaines une franco-brésilienne, très catholique, me disait qu’elle ne voyait pas d’opposition entre religion et spiritualité. Or pour moi, la différence est de taille, et si on peut me dire plutôt spiritualisant, je ne suis pas du tout quelqu’un de religieux. En fait la différence est simple lorsqu’on connaît l’être humain (et ce blog a justement pour but de favoriser une meilleure «Connaissance de soi»).
La religion (TOUTES les religions) occupe une strate supérieure du mental; en quelque sorte, c’est le mental qui regarde un plan plus divin. La spiritualité (les traditions spirituelles des différents pays) se situe par définition à un niveau spirituel et divin, très supérieur au mental, où on sait avec certitude qu’on est une âme éternelle.
Mais un article d’une page, c’est très peu pour expliquer certaines notions intéressantes. Le mieux est de lire les divers textes du blog à ton rythme propre. De cette façon, ami, tu te familiariseras sans t’en rendre compte avec des notions qui augmenteront ta CONNAISSANCE DE SOI.
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1. Je n'aime pas le mot Dieu car à travers les âges les Hommes ont commis tellement de stupidités en Son nom; je préfère le mot "divin".
7 commentaires:
bon, eh bien ça fait déjà un élément de réponse...mais ça fait tellement de grain à moudre aussi que ma seule réaction possible pour l'instant serait ".....", le temps que je mette de l'ordre et fasse le tri dans mon p'tit bazar "mental", justement.
Ce qui me titille, c'est que pour moi "il n'y a pas de divin". Et l'âme là-dedans ? chais pas du tout !
Mais alors -paradoxe ?- pourquoi cette exaltation par exemple certains jours magnifiques, devant le grand chêne devant chez moi, par exemple, ou devant mes capucines traversées de soleil et qui vibrent ! qui vibrent ! pourquoi cette "impression" (sensation ?) brève et fugace de faire partie d' un TOUT, intimement liée à ce qui est, alors que j'ai si souvent la certitude d'être comme extérieure à l'organisation sociale humaine (de plus en plus incompréhensible et mortifère, dirais-je) ?
Je sais que mon corps est composé de milliards de cellules, nécessairement assemblées pour que j'existe. Et il me semble que tout ce qui vit sur cette planétes joue exactement le même rôle : les cellules nécessairement assemblées pour que le monde existe ;il y a effet miroir du microcosme au macrocosme, dirait-on ; est-ce l'émerveillement de cette découverte que tu appelles "divin"?
Je me sens matérialiste dans le sens où mon existence commence à l'union de deux gamètes et finira à la désunion des cellules qui me composent. Avant, néant, après, néant.(retenons la notion essentielle : celle d'UNION). Et Dieu dans tout ça ? pour moi c'est clair : invention humaine, y a pas - donc, nécessité des religions : seulement pour ceux qui les instaurent, simple volonté de puissance et goût de pouvoir et d'emprise sur autrui.Sans façon merci, je ne laisse plus personne mettre ma vie en laisse sous prétexte de "parole divine" quelconque.
Alors, ça nous mène où tout ça ?
je vais y revenir à cet article, y a de la matière là-dedans...
à bientôt jigé !
ah oui ! j'allais oblier ! Pour moi il n'y a pas de Dieu ; donc, comment pourrait-il y avaoir du "divin" ?
est divin ce qui procède d'un dieu, non ?
or pour moi dieu est une fiction -donc le divin....
alors racontes, comment toi vois-tu les choses ?
elle m'interresse ta vision du monde car elle est très différente de la mienne "en apparence", mais peut-être pas tant que cela "dans le fond" - faut voir, comme on dit par ici chez moi.
à bientôt ! portes-toi bien !
Chère Anne des O,
Tu t’apercevras plus bas que les positions matérialiste et spiritualiste sont assez proches et que, comme tu dis, elles diffèrent plus en apparence que sur le fond. En fait ce qui compte c’est l’être humain, pas sa conception du monde.
À force de correspondre avec plusieurs athées, agnostiques et matérialistes, je me suis aperçu qu’en fait ce n’était pas contre le divin qu’ils en avaient, mais contre l’idée puérile qu’on s’en fait. Or les Chrétiens ont généralement l’image plus ou moins consciente, instaurée dans l’inconscient collectif des gens d’origine judéo-chrétienne, d’une sorte d’énorme vieillard à barbe blanche assis sur son nuage à surveiller le monde (tiens, celui-là a fait un péché!) tantôt aimable, tantôt courroucé; ou encore, d’un œil énorme et omniprésent, occupé à surveiller ses misérables créatures humaines.
Évidemment, aucune personne sensée ne peut croire à ces enfantillages destinés à frapper l’imagination d’une humanité dans l’enfance. Aujourd’hui l’humanité a vieilli, tandis que les prêtres enseignent la même vieille chose insensée. Pas étonnant que les églises se vident: qui croirait à ces stupidités?
Ma conception du divin se rapproche donc de ce que tu disais (sensation de faire partie d’un tout, etc.) J’utilise le mot divin parce le mot «Dieu» fait trop penser à une personne, tandis que le divin, c’est tout ce qui nous dépasse («l’homme est de nature divine» signifie tout simplement qu’il est –potentiellement- infiniment plus qu’il ne croit).
Quand à l’idée que la religion est une organisation humaine qui n’a d’autre but que de permettre quelques d’exercer leur pouvoir sur la masse, ce n’est pas tout à fait faux, mais c’est une conception limitative qui ne tient pas compte du fait que l’Homme a essentiellement une dimension spirituelle et divine.
Je ne souscris absolument pas à «l’union de deux gamètes, etc.» C’est la description de l’origine du corps physique, et l’Homme est beaucoup plus qu’un corps. Le corps de l’Homme est sûr de mourir un jour, mais pas l’Homme, qui est d’essence éternelle. Il y a donc un AVANT et un APRÈS, et quelques-uns se souviennent d’avoir toujours existé.
La comparaison du corps composée de cellules est exacte, mais tu ne vas pas assez loin. La science a prouvé qu’un corps est formé de milliards de cellules. Les cellules meurent et sont remplacées par des nouvelles qui naissent, ce qui fait qu’après 7 ans toutes les cellules du corps ont été renouvelées et ça permet au corps de continuer à vivre. Mais chacune des milliards de cellules est faite de millions d’atomes. Or les atomes ont plusieurs propriétés étonnantes:
1) Si la cellule meurt, l’atome ne meurt jamais et lorsque le corps meurt, l’atome ne se dissout pas mais il perd la propriété de s’agglutiner à la cellule et retourne dans l’environnent.
2) L’atome est infiniment petit par nature, mais est source d’une formidable énergie.
3) Un atome de montagne, de maison, de chat ou d’homme, c’est la même chose.
Récapitulons: l’atome ne meurt jamais, est tout ce qui existe, est source d’une énergie formidable. Ça ressemble à la description du divin, non? (Éternel, peu tout, est tout).
Le mental peut prouver l’existence de Dieu, puis prouver qu’Il n’existe pas; et il a de très bons arguments POUR ou CONTRE. Alors je n’espère pas te convainre. Tout au plus on peut légitimement se poser la question: et si c’était vrai? C’est le maximum qu’on puisse dire avec le mental. La CERTITUDE absolue existe bien, mais sur un plan supérieur de conscience. Pour y accéder, il suffit que le mental se taise (avec les siècles la tradition spirituelle a développé d’excellents moyens pour obtenir son silence).
bonjour Jigé, je viens de m'apercevoir que tu as laissé ce commentaire !
terriblement interressant cela, j'y reviendrai....c'est assez dense pour que je passe plus de cinq minutes là-dessus !
donc à plus tard, je garde un oeil chez toi de temps en temps....!
cordialement, Anne
Cher Gigé,
C'est toujours avec plaisir et intérêt immenses que je fais ce voyage de ma Tunisie africaine si ensoleillée vers ton Canada si serein ,à l'autre bout du monde!
Tout à l'heure ,en déjeunant, nous avons évoqué tes écrits ,ma fille et moi! Etant très prise par son travail ces temps -ci ,elle n'a pas eu le temps de visiter ton blog, donc j'ai fait office de rapporteuse !
Elle passera te lire dès qu'elle pourra!
Ton explication avancée sur la "spiritualité", le"corps" et "l'âme" me semble d'une pertinence telle qu'elle ne prête à aucune équivoque pour une personne qui va un peu plus loin que l'"apparence" "matérielle "de l'homme (à savoir ce côté périssable dont sont dotés tous les êtres vivants). Car ,l'homme comme tu l'as si bien expliqué , ne se limite pas à un corps formé à partir de "gamètes mâles et femelles" et de cellules, mais, il est bien plus" spécifique" que cela et son être est bien plus "complexe"!
Il est là, mais aussi , "il a été" et "il sera"!
Dans cette vie, dans ce passage sur terre, qui est éphémère", il est" matérialisé" par un corps avec toutes les limites données à tout ce qui est périssable: naissance , maladies ,mort.
Mais ,ce corps est accompagné "d'esprit" ,qui "a déjà existé" dans une "autre dimension relevant de l'éternité", d'où sa spécificité par rapport aux autres règnes. il est aussi doté d'une "énergie supérieure qui relève du DIVIN:l'AME!
Le corps réduit à son côté matérielle, n'est rien sans l'"ESPRIT" et l'AME"!
Dès que l'AME quitte le corps, l'ESPRIT" cesse d'exister et le corps commence à se désintégrer, à se décomposer.
Donc , c'est grâce à cette ENERGIE que l'être humain est HOMME!
Même en l'électrochoquant(energie), le corps perd sa nomination d'HOMME , si l'AME le quitte!
Il devient UNE DEPOUILLE!
Cher Gigé,
Je suis toujours surprise par la clarté de ton esprit et je sens à chaque passage par chez toi que la distance n'est pas un vrai handicap pour SENTIR les êtres VRAIS!
Nous sommes ravies ma fille et moi de t'avoir connu, (à l'instant elle vient de quitter sa salle d'examen , elle se penche sur moi pour te dire qu'elle t'aime fort et qu'elle t'embrasse; elle técrira dès qu'elle a un moment de libre)!
Mon cher Gigé ,
Merci pour toute la gentillesse qui émane de ton être!
Je t'embrasse!
A bientôt!
Tu as rendu visite à mon "Iris2" ce dont je te remercie.
Je viens de lire "Structure des mots" et "connaissance de soi".
Je trouve que ces textes sont riches de questions qui ouvrent sur d'autres questions,ce qui me paraît plus intéressant que des réponses.
Quand j'ai lu "l'homme est un être de transition", J'ai pensé au livre récent de François Julien "Les transformations silencieuses".
Il y met en perspective la pensée occidentale et la pensée chinoise.
Personnellement, j'ai beaucoup lu Spinoza, je me sens spinoziste et ne crois pas à la dualité du corps et de l'âme.
D'une manière générale, je me sens à l'écart de ce qui est "binaire" et établit donc des catégories trop tranchées.
Mais, bien sûr, ce qu'on essaie de connaître n'est qu'une déclinaison du croire, me semble-t-il.
Donc, à chacun ses choix.
Chère Dent de bonheur,
Tu as raison de dire que la distance importe peu. Ce n’est que le corps pour qui la distance compte, et l’Homme est beaucoup plus qu’un corps: il est une âme éternelle qui est omniprésente. K (mon épouse) a souvent des expériences qui le montrent. Je raconte l’une d’elles dans Pas de distance.
En te lisant, j’ai souvent l’impression d’être une personne importante, alors que c’est tout le contraire pour moi: c’est l’ensemble des gens qui compte, et moi je suis si petit dans cet ensemble. As-tu déjà réfléchi à ceci, chère Dent de bonheur: si tu trouves mes textes intéressants, c’est qu’il y a en toi une sorte d’assentiment intérieur; s’il y a cet assentiment, c’est que nous faisons partie d’une même «famille» répartie sur la Terre dont les membres sont interdépendants. Une de mes amies, poète comme toi, avait coutume de dire: ««…une sorte d’arbre généalogique qui nous ramène à une racine unique»».
JG
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