La Joie véritable
Il faut souffrir beaucoup pour chercher désespérément la guérison de la souffrance. Très jeune, je n’étais pas à l’aise dans ma peau d’Homme: je disais la chose à ne pas dire, faisais la chose à ne pas faire, tutoyais des inconnus alors que c’était socialement inacceptable, etc. Bref je me sentais très «inadéquat» comme être humain. Souffrir cependant me semblait inacceptable: il fallait être heureux coûte que coûte; alors j’ai cherché (si intensément cherché) à sortir de cette souffrance (comparé à la vie merveilleuse «avant la naissance», la vie ici est souffrance). Aujourd’hui, je ne souffre plus, bien sûr; ce n’est pas que je sois anesthésié, devenu insensible à la douleur. Non! Mais ma recherche a donné un résultat intéressant; aujourd’hui je suis pleinement heureux du matin au soir, jour après jour (explication plus loin).
Ça me permet de dire qu’IL Y A une solution, ÇA EXISTE. Tout le monde peut trouver cette Joie véritable; mais c’est dans une partie inconsciente de soi (donc encore inconnue). Pour la trouver, il faut la chercher (mais chercher réellement, obstinément, jusqu’à ce qu’on trouve). Dans mon cas, c’était presque une question de vie ou de mort, n’est-ce pas: il fallait absolument que je trouve, c’était impossible sinon.
Quand on a une telle motivation, il faut que quelque chose se passe: ou bien on crève, ou bien on devient heureux. Et en effet, il se passe une chose extraordinaire, merveilleuse. Pourquoi alors n’y a-t-il pas plus de gens PLEINEMENT heureux (je te rassure tout de suite: il y en a, mais ils sont rares)? Et là, je semble comprendre: ces millions de personnes n’ont pas la motivation qui fait qu’on cherche (et on ne peut chercher sans trouver).
D’ordinaire on est parfois heureux, parfois malheureux dans une sorte d’alternance -j'appelle cela le yoyo de la vie («Ho! C’est comme ça la vie; c’est vous qui n’êtes pas normal avec votre souffrance»). Je ne dis pas qu’il faille «souffrir pour être heureux» (en fait ça ne devrait pas être nécessaire normalement), mais ça motive drôlement (à vouloir en sortir). La majorité des gens ne sait même pas qu’il y a quelque chose à trouver; alors pourquoi chercheraient-ils? Logique, non? (Et terriblement limitatif aussi: on vous met dans cette condition; il y peut-être quelque chose à faire, peut-être pas, débrouillez-vous pour améliorer votre sort –si vous pouvez). Personne ne t’aidera à être plus heureux; c’est le royaume du chacun pour soi (croit-on). C’est triste. On comprend que ce n’est qu’une étape (de l’évolution), mais c’est une triste étape.
En fait on constate une chose étrange: beaucoup de gens pensent qu’ils mourront un jour simplement parce que leur corps mourra; ils pensent qu’on ne peut pas parler au-delà d’une certaine distance à moins d’avoir un téléphone, qu’on ne peut pas être à la fois à Montréal et à Paris, etc. (la liste est longue, de nos impossibilités). Toutes ces limitations que nous croyons avoir sont en fait les limitations du corps. C’est pourquoi le sage a dit que «nous pouvons tout ce que nous ne pouvons pas».
Certes le corps est important, mais plutôt que d’être LIMITÉS par lui, découvrons QUI nous sommes réellement de façon à ce que ce soit NOUS qui donne au corps NOS capacités. Je COMPRENDS ceux qui souffrent, et je veux les assurer qu’IL Y A un remède à la souffrance, mais je refuse de souffrir avec eux, au contraire, c'est eux qui doivent trouver la Joie ineffable (et je peux les assurer qu’elle existe). Toute souffrance est insensée (= n’a pas de sens) sauf que nous avons besoin d’elle PRÉSENTEMENT (en fait ce n'est pas tant de la souffrance que nous avons besoin, mais de sentir que la vie actuelle est absurde; tant qu'on ne sent pas qu'elle est absurde, pourquoi en chercherait-on une autre?) pour nous forcer à chercher la Joie véritable (avec un J majuscule).
Tout le monde sait ce qu’est la joie (celle qu’on oppose à la peine/tristesse/souffrance). En fait ce n’est rien de nouveau: voilà quelques milliers d’années que nous la recherchons, et tentons d’éviter ce qui cause de la souffrance. C’est normal, bien sûr, puisque la joie est agréable alors que la souffrance est désagréable. Mais il doit y avoir quelque chose de faux dans cette conception car après tout ce temps où nous avons recherché la joie on constate aujourd’hui que nous ne sommes pas plus heureux. Il est donc légitime de se demander ce qu’il y a d’incorrect ou de faux dans cette attitude, et si possible, de rechercher (et adopter) une attitude susceptible de nous rendre plus heureux.
On remarque tout d’abord que c’est une chose différente qui rend chacun joyeux (id. pour la peine); ainsi penser à Gilberte peut être source d’une joie certaine pour Robert alors que cela laissera Raymond indifférent. La joie et la peine sont donc des sentiments subjectifs et ce n’est pas la même chose qui les cause chez l’un ou chez l’autre. Alors que la Joie véritable est un état qui ne dépend pas des conditions matérielles.
La vie n’est pas faite que de moments de joie; il y a de la peine (tristesse, souffrance) aussi. Alors, accepter la joie et tenter d’éviter la peine (en vain, puisque ça arrive DE TOUTE FAÇON) équivaut à accepter la moitié de la vie seulement et de tenter d'éviter/refuser l’autre moitié. Mais la Joie (avec un J majuscule) dont je parle est TRÈS différente de la joie ordinaire (petit j): la religion l’appelle béatitude, et elle est toujours présente en nous. C’est une qualité intrinsèque à notre moi véritable (parfois aussi appelée «âme» car elle anime le corps, qui lui n’est que son instrument). Cette conception diffère totalement de la conception matérialiste selon laquelle l’Homme n’est rien sans son corps. L’être central (l’âme) est toujours heureux, quoi qu’il arrive car il ne dépend pas des conditions du corps.
Quand on accepte à 100% tout ce qui vient dans notre vie, sans distinction d’agréable ou de désagréable, alors il se produit une chose extraordinaire: on voit les êtres et les choses tels qu’ils sont RÉELLEMENT (la perception habituelle ne nous montre qu’une apparence de réalité). Alors on est heureux au-delà de nos rêves les plus fous. Cette «Joie qui dure» n’abolit pas les hauts et les bas de la vie (sauf que les hauts sont moins hauts et les bas moins bas: tout est moins extrêmes, plus harmonieux): c'est comme un courant de Joie tranquille à l'arrière-plan de tout ce que l'on fait (ou qui arrive). On a trouvé la Joie permanente, et ça, ça nous rend TOUJOURS heureux.
Les relations avec les autres aussi sont une source permanente de Joie: on constate que RENDRE HEUREUX REND HEUREUX. C’est à l’opposé de la conception habituelle qui prétend qu’on ne peut rendre personne heureux si on n’est pas d’abord heureux soi-même. Essayez donc un peu d’être heureux pour voir. Comment allez-vous vous y prendre? Au contraire, si on fait plaisir à l’un et à l’autre (sans se préoccuper de comment on se sent soi-même), on est BIENTÔT submergé de gens qui veulent nous faire plaisir. Peut-on récolter des patates si on n’en a pas semé? Et peut-on récolter du bonheur si on n’en a pas semé?
«Fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse»
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