Le plus souvent on ne “pense” pas à la “pensée”, on s’en sert, c’est tout. C’est si automatique qu’on ne “réalise” (au sens anglais de realize) généralement pas à quel point la faculté mentale est remarquable; on raisonne peut-être qu’on n’a pas besoin de connaître une chose pour s’en servir (tout comme on peut conduire une automobile sans connaître la mécanique). Mais si on connaît bien l’outil dont on se sert, on sait alors ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire, et on n’a pas de fausses attentes. C’est donc tout à notre avantage de connaître le mental (non seulement le mental, mais TOUT de nous –d’où CONNAISSANCE DE SOI).
La première chose qu’on remarque, c’est que ceux qui ont étudié la faculté mentale l’ont fait à l’aide de… leur faculté mentale. Autrement dit, c’est le mental qui étudie le mental; il y a là un “conflit d’intérêt” évident; pas étonnant qu’on en aie une idée aussi inexacte et limitée. C’est exactement comme si un élève faisait corriger son devoir par un autre élève: comment ce dernier peut-il juger de ce qui est exact ou non? Par contre, s’il fait corriger son devoir par un professeur, le résultat sera bien meilleur. C’est donc quelque chose de “supérieur” au mental qui est le plus apte à connaître le mental (comme le professeur pour l’élève).
”Mais il n’y a rien de supérieur au mental: c’est ce que nous avons de plus capable”. Si, il y a: le mental l’appelle l’âme, c’est le véritable moi (“plus moi que moi” dit la spiritualité). Naturellement, dans 99% des cas on ne connaît pas l’âme –il y a même des gens qui ne croient pas à l’âme. Curieux, c’est le “véritable moi” et ils disent que ça n’existe pas.
Mais pas si curieux que ça puisque même ceux qui croient à cette “âme” ne l’ont jamais vue (sauf rares exceptions). C’est normal, puisque cette partie intime de soi est encore inconsciente (en fait l’âme n’est pas inconsciente du tout: c’est nous qui sommes inconscients d’elle). En fait c’est simple: le mot âme est la façon ignorante du mental pour dire “vrai moi”; et après il dit “j’y crois” ou “je n’y crois pas”; c’est comme si quelqu’un disait: JE CROIS (ou JE NE CROIS PAS) que j’existe.
On sait que le mental est une faculté commune à tout Homme qui nous permet d’avoir MA pensée, TA pensée, SA pensée. Autrement dit on a une opinion favorable ou défavorable de l’âme avec quelque chose (le mental) qui ne sait RIEN de l’âme, mais qui se permet de dire qu’elle existe ou n’existe pas. Tout remarquable qu’il soit, le mental n’est certainement pas la dernière étape de l’évolution (sinon il n’y aurait plus d’évolution: son ultime échelon atteint –le mental- l’évolution disparaîtrait). Il est donc raisonnable de penser qu’il sera dépassé un jour.
Au début, quand l’Homme est apparu, sa faculté mentale lui rendait d’inestimables services: au lieu de s’adapter à son environnement comme l’animal, l’Homme pouvait adapter son environnement à lui (le transformer selon SES besoins), ce qui l’amena progressivement à “découvrir” et “inventer” une multitude de choses (parfois utiles, mais pas toujours). Mais comme le mental lui rendait de fiers services, au fil des millénaires, l’Homme faisait de plus en plus appel à ce mental. Aujourd’hui l’Homme ne peut même pas porter un verre d’eau à ses lèvres sans que ce ne soit autorisé par le mental. C’est un statut d’esclave ou de prisonnier, pas d’Homme libre.
NOTE. Au risque de ne pas comprendre, il ne faut pas prendre ce qui précède au pied de la lettre ou le lire au premier degré. Je ne raconte pas les choses telles qu’elles sont réellement, mais d’une manière qui FACILITE LA COMPRÉHENSION.
On comprend dès lors que la spiritualité se soit fixé comme but de LIBÉRER l’Homme. Mais pas tous les Hommes, seulement ceux qui sentent que la matière est un boulet qui les empêche d’avancer, d’aller plus loin (on ne LIBÈRE pas quelqu’un qui ne se sent pas PRISONNIER, n’est-ce pas).
À mon avis on trouve ici une faiblesse de la spiritualité (elle n’a pas que des qualités!) Elle ne désire pas rendre l’humanité dans son ensemble plus heureuse, mais seulement ceux qui peuvent supporter “l’air raréfié des hauteurs spirituelles” (la science non plus n’a pas réussi à apporter le bonheur à l’humanité; elle nous a seulement apporté le consumerisme que l’on connaît et qui nous éloigne toujours plus du bonheur, nous le comprenons maintenant).
On dit que le mental est “un bon serviteur mais un mauvais maître”. Si nous comprenons le sens de cette phrase, nous pourrons le traiter de façon plus juste et l’utiliser plus efficacement.
Le mental est excellent pour AGIR (faire les choses), mais il a une vision très limitée quand il s’agit de CONNAÎTRE les êtres et les choses. Normal: il n’est pas fait pour connaître (ni pour COMPRENDRE d’ailleurs, contrairement à ce qu’on croit souvent). Par contre, il n’y en a pas deux comme lui pour EXPLIQUER ce qu’une autre partie de nous (le “moi véritable” ou âme) connaît. À cause de lui nous ne voyons pas la réalité, mais une simple APPARENCE de réalité vue À TRAVERS nos lunettes mentales déformantes.
“Deviens ce que tu es”, nous exhorte le sage; pas “deviens meilleur que tu es” ou “deviens quelqu’un d’autre”. C.a.d. que ce n’est pas quelque chose que je dois construire: c’est quelque chose que je suis DÉJÀ. Simplement comme j’en suis généralement inconscient, tout mon effort portera donc à en devenir conscient.
Lorsqu’on est conscient de ce véritable moi (“plus moi que moi” dit la spiritualité, qui a étudié la question de près), le monde apparait TRÈS différent. Bien sûr, on voit encore les copains, les objets familiers, la maison où on habite et toutes les choses de la vie quotidienne, mais ils semblent subtilement différents, ils sont plus vrais (“Maintenant tout a changé, et pourtant tout est le même” dit le zen). Puis on comprend: eux n’ont pas changé, c’est le REGARD que nous portons sur eux qui est différent.
Cette “âme” en laquelle certains croient et que d’autres réfutent (mais que très peu connaissent) est véritablement remarquable. Non seulement on ne perd RIEN en la découvrant, mais on GAGNE beaucoup: des connaissances incommensurablement plus étendues, une vie beaucoup plus heureuse et beaucoup plus harmonieuse, les relations avec les autres changent du tout au tout, etc. TOUT EST PLUS VRAI.
1 commentaire:
Tes billets m'amènent toujours à réfléchir un peu plus sur les progrès que je pense avoir fait par rapport à moi-même, et que je trahis à la première occasion... Je crois que je ne suis pas devenue ce que je suis, mais j'ai plus accepté d'être ce que je suis, ce qui me permet à présent de vivre sans béquille psychotropiques.
Publier un commentaire