C’est bien connu: nous vivons dans un monde de consommation, c.a.d. que pour la société nous sommes avant tout des citoyens CONSOMMATEURS. Nous consommons de la nourriture et des vêtements, des outils et des véhicules, des voyages et des loisirs, des livres, des films et des spectacles, bref des “biens et services” de toutes sortes. Il y a même des religions pour ceux qui veulent consommer du divin. Et quand nous sommes las de tout cela, on nous envoie consommer des “résidences pour personnes âgées” en attendant d’aller au cimetière où on n’a plus besoin de consommer car c’est quelqu’un d’autre qui le fait pour nous.
Il y a de la consommation pour toutes les occasions: le petit qui commence l’école, il lui faut des fournitures scolaires; il y a les dépenses du mariage de ce jeune couple (et peut-être plus tard les frais d’avocats pour le divorce); les dépenses en soins médicaux quand on est malade, etc.
J’ai entendu dire que “chaque personne est unique et a sa valeur propre”. UNIQUE, ça veut dire que Gérard ou Lucien sont incapables de prendre TA place: il n’y en a qu’UN comme TOI, et TU es nécessaire sinon il y a un trou dans l’ensemble. Quant à ta valeur, pour la société de consommation, elle se chiffre en montant de revenus et en capacité de dépenser: plus tu gagnes cher et plus tu as de la valeur à ses yeux. Ça me rappelle le Big Bazar de MICHEL FUGAIN dans les années 70 (peu après la formidable liberté de mai 68): son “Petit Homme” était né dans un monde étouffant, pré-déterminé et pré-programmé, qui ressemblait fort à notre société de consommation aujourd’hui.
Nonobstant tout ce qui précède, l’avantage majeur de la société de consommation (il y en a!) c’est de nous montrer un exemple de ce que nous ne voulons pas pour l’avenir. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ce qu’est une société de consommation car nous avons connu cela. Mais pour pouvoir décider librement que nous n’en voulons pas, il convient de définir CONSOMMATION. Or l’étymologie nous apprend que consommer vient “du lat. CONSUMMARE: faire la somme, achever, consumer”. Au sens littéral, la CONSOMMATION est donc l'achèvement, l'accomplissement, la réalisation (par exemple la consommation du mariage).
QUELQUES DÉFINITIONS
SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION: désigne une société au sein de laquelle les consommateurs sont incités à consommer de façon abondante des biens et services.
CONSUMÉRISME: qualifie une idéologie économique où la consommation de biens et services dispose d'une place prépondérante dans la société.
Sur le plan économique consommer “des biens et services” veut nécessairement dire qu’ultimement c’est un ACHÈVEMENT: ça les détruit (CONSOMMER et CONSUMER ont la même origine). Parfois c’est bien (si ça répond à un besoin –comme manger) et parfois ce n’est que pour la satisfactions de nos désirs (naturellement satisfaire nos désirs peut être tout à fait légitime, mais ça ne mène JAMAIS au vrai bonheur (qui dure TOUJOURS); tout au plus cela donne une petite joie temporaire.
Or il a été démontré qu’une simple répétition/accumulation de ces “petites joies temporaires”, bien qu’elle résulte en un caractère généralement optimiste, confiant et bien disposé, n’apporte pas le vrai bonheur car ce dernier est un ÉTAT D’ÊTRE et ne dépend d’aucune circonstance extérieure.
Si l’on porte son attention sur elle, il devient tout de suite évident que la consommation aboutit à la fin de la chose consommée, comme nous apprend l’étymologie (et fin = mort, destruction). Par exemple, quand j’ai fini de manger du poulet, il n’y en a plus dans mon assiette (on peut dire que le poulet a été détruit par le fait de le manger). De même mon voyage de deux semaines en Jamaïque n’existe plus pour moi (sauf en souvenirs) quand je suis de retour chez moi, à Montréal: on dit alors que ce voyage est fini (il n’existe plus) car ce n’est plus une réalité pour moi, ma réalité maintenant c’est mon appartement de Montréal.
En observant les choses, je me suis aperçu que consommer ne fait que PRENDRE (c.a.d. utiliser, USER): c’est un mouvement dirigé vers soi, alors que le bonheur ne prend pas, mais au contraire DONNE; c’est un mouvement dirigé vers l’autre (d’où le dicton “RENDRE HEUREUX REND HEUREUX”). On s’aperçoit alors que CONSOMMATION et BONHEUR s’excluent mutuellement. Puisque nous vivons dans une société de consommation, il n’est pas étonnant alors que nous ne soyons pas heureux car nous tournons le dos au bonheur.
Comme la consommation ne mènera jamais au bonheur, s’attacher à elle nous apparaît stupide (sauf si nous sommes pris dans le tourbillon étourdissant du consumérisme); on pouvait donc s’attendre à ce que quelque chose s’y oppose: c’est le concept de simplicité volontaire dont je parlerai dans mon prochain texte.
1 commentaire:
Consumérisme
L’œil est sans cesse sollicité. Pub omniprésente. Sensualité décadente faisant que l’humain ne sera jamais rassasié ou versera dans la « tropitude ». Nombre d’addictions en seront la conséquence.
L’affichage des biens matériels deviendra obscène.
Small is beautiful, une société à la mesure de l’homme, E .F. Schumacher, 1973
La Prudentia…la bonne et la mauvaise selon l’auteur.
Merci JG de votre texte
Youkali
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