Les médias ont rapporté les assassinats des caricaturistes de Charlie Hebdo et l’imposante traque qui s’en est suivi; inutile donc que je répète les faits. Bien sûr, les assassins sont morts, mais ce n’est pas de cela que je veux parler aujourd’hui. Ce qui m’intéresse vraiment, c’est le progrès de l’humanité, et à ce point de vue, une page importante a été tournée aujourd’hui (on l’a bien senti dimanche lors de la formidable marche républicaine). Tout le monde a senti qu’il y a un AVANT et un APRÈS à cette marche-charnière.
Cette marche est si importante, en fait, qu’il faut en parler davantage. On sait que l’attaque terroriste a eu lieu à Paris, alors il est normal que ce soit la France qui ait le plus fortement réagi, mais ce n’est pas seulement elle qui s’est senti attaquée, c’est l’ENSEMBLE des pays démocratiques: quand il s’agit de démocratie, celle qui a pour devise “LIBERTÉ-ÉGALITÉ-FRATERNITÉ” ne nous sert-elle pas de modèle?
Outre la cinquantaine de chefs d’État et des gens de nombreuses nationalités qui étaient présents à Paris, on a vu des manifestations de soutien dans de nombreux pays (presque tous les pays européens + l’Australie, la Turquie, l’Égypte, et beaucoup d’autres); chez-moi au Canada il y a eu des rassemblements à Vancouver, Montréal et dans la ville de Québec. C’est donc un événement réellement international. Pour moi, qui sait voir et comprendre les choses, c’est une journée unique dans l’Histoire (après une autre “journée unique”: mai 1968). Et, coïncidence –ou pas- ça se passe toujours en France.
Nous sommes habitués à voir les Français manifester (c’est presque le sport national là-bas); mais là, il y avait une telle immensité de monde que c’en était impressionnant; rien qu’à Paris il y avait plus d’un million de personnes, et plusieurs dizaines ou centaines de milliers dans les principales villes de France, en tout peut-être 3 millions de personnes (c’était tant que les autorités ont renoncé à compter).
J’étais scotché devant la télé et j’admirais la scène. Ce que je trouvais le plus intéressant, c’était l’atmosphère bon enfant qui régnait: pas vraiment de tristesse pour les caricaturistes assassinés (si, un peu quand même) ni de colère contre les tueurs, mais une sorte de bonne humeur générale; on sentait que les gens étaient heureux d’être ensemble. De plus, il y avait toutes sortes de gens: des chrétiens avec des juifs et des musulmans, des syndicalistes et des CRS, des politiciens de gauche et de droite, etc. Même B. Netanyahou et Mahmoud Abbas marchaient l’un à côté de l’autre (du jamais vu).
Bien sûr, on ne se rassemble pas pour être ensemble: il faut une raison pour cela; alors on en a une, toute prête: manifestation de soutien, solidarité, défense de la liberté d’expression; jusqu’à ce qu’un reporter demande à une jeune parisienne pourquoi elle était là; elle l’a regardé sans rien dire, c’était la plus raisonnable: “Ah! Il faut une raison pour être ensemble?”.
Que l’humanité soit unifiée un jour ne fait aucun doute. C’est le chemin pour y parvenir que l’on ne comprend pas. Et comme on en est encore loin! Aujourd’hui on a avancé un peu plus. Bien sûr, les Français ne cherchent pas cette unification (ni aucun autre peuple d’ailleurs), tout ce qu’ils veulent, c’est un pays fort.
Mais ce qu’il nous faut vraiment, c’est une HUMANITÉ forte.
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