De très nombreuses personnes savent conduire, mais ne connaissent rien à la mécanique auto. De même, tous les Hommes utilisent leur faculté mentale tout naturellement depuis leur naissance, mais rares sont ceux qui la connaissent vraiment.
Le mental est une faculté très utile de l’être humain qui s’ajoute (et non pas remplace) aux autres facultés dont celui-ci dispose déjà (comme l’imagination ou les émotions) –de même qu’il existe des facultés dont nous ne sommes pas encore conscients (il est donc facile de prévoir que ces facultés futures ne remplaceront pas le mental, mais s’y ajouteront). Apprendre à connaître cette faculté précieuse qu’est le mental est très avantageux car nous savons alors ce qu’elle peut faire et ce qu’elle ne peut pas faire, et cela nous permet d’avoir des attentes plus réalistes à son sujet.
Le mental est très habile à déterminer les différentes composantes d’une chose donnée. Par exemple, il distingue facilement les êtres humains en hommes et en femmes, ce qui est pratique pour AGIR (faire/inventer des choses) car on n’agit pas de la même façon avec un être humain selon que c’est un homme ou une femme (comme inventer des serviettes sanitaires pour une femme, alors qu’un homme n’en a pas besoin).
Aucune des facultés de l’être humain ne peut remplacer toutes les autres et est capable de tout faire (pas plus que dans notre corps, un seul organe –n’importe lequel- ne peut tout faire à lui seul, et on a besoin de tous les autres pour fonctionner) et si le mental est excellent pour AGIR, il est totalement INADÉQUAT pour CONNAÎTRE cependant. La spiritualité n’a pas cessé de dire que “le monde est illusion” (ce qui veut dire qu’il est MAL VU) et la science fait le même constat depuis quelques années: “L’observateur influe sur la chose observée” (Hubert Reeves).
On appréhende le monde dans lequel nous vivons au moyen du mental, et celui-ci colore et déforme la réalité. Nous ne percevons donc jamais les êtres et les choses tels qu’ils sont vraiment mais tels que vus À TRAVERS le filtre déformant du mental. Par exemple, le feu n’est ni bon ni mauvais, il brûle, c’est tout; mais nous ne le voyons pas comme cela: nous le voyons à travers la structure binaire de notre mental, ce qui fait que s’il brûle notre maison, nous considérons qu’il est mauvais, et s’il cuit notre repas, nous le trouvons bon. Puisque le mental est INCAPABLE de voir la réalité, il est IMPOSSIBLE d’être heureux par lui (sauf si le bonheur ne fait pas partie de la réalité).
Mais ce n’est pas tout. Le mental est éminemment progressiste (= capable de progrès), et cela colore toute notre perception du progrès: progresser, pour l’Homme, veut donc dire aller de l’avant, s’améliorer, évoluer, ce qui laisse supposer qu’il y a déplacement du point A au point B (et donc cheminement, mouvement linéaire). Par contre, à la prochaine étape de l’évolution (qui est certaine de venir –à moins qu’il n’y ait plus d’évolution), il n’y a pas de cheminement –pour aller où? on y est déjà!
Aller du point A au point B afin de progresser laisse supposer que le point A n’est pas très bien et que le point B est bien meilleur (si le point A est le meilleur, je suis stupide de m’efforcer d’aller au point B). Par exemple, d’habitude on s’efforce de changer un défaut que l’on a en une qualité que l’on veut avoir. Le plus souvent ça ne marche pas, et on se retrouve à 60 ans avec les mêmes défauts qu’à 20 ans (ou à peine mieux): on est comme on est.
Parfois cependant ça donne des résultats (si l’on est suffisamment persévérant et constant). Mais ce n’est JAMAIS facile, et ça prend TOUJOURS la forme d’un combat entre une partie de moi (le défaut, qui est EN MOI) et une autre partie de moi (la qualité, qui est EN MOI aussi). Autrefois on représentait cela par un petit diable et un petit ange, se tenant tous deux de part et d’autre de notre tête (le siège supposé de nos pensées).
On peut considérer que la chose à éliminer est soit à l’intérieur soit à l’extérieur de soi (certains auront plus de facilité à combattre une chose s’ils pensent que c’est une suggestion extérieure, et d’autres, à surmonter une faiblesse qui est censée être à l’intérieur d’eux). En réalité, il n’est RIEN qui ne se produise à l’intérieur de soi, mais c’est un “intérieur” que l’on ne connaît pas encore.
On a vu qu’il nous est IMPOSSIBLE d’être heureux en se fiant au mental (qui DÉFORME tout ce qu’il voit); mais il y a autre chose qui tient de la nature même du mental: il est bien incapable de créer quoi que ce soit mais, très PRATIQUE, il n’y en pas deux comme lui pour donner forme à ce qu’il voit. Par exemple, il ne pourra jamais créer la COMMUNICATION, mais il invente… le téléphone (qui sert à communiquer).
Autrement dit, le mental est excellent pour donner une existence matérielle à une chose qui lui paraît abstraite (en réalité, elle n’est abstraite que pour lui). Des questions comme Dieu ou l’âme sont considérées comme abstraites pour lui et, qu’il y croit ou non est peu important car ça n’a pas vraiment d’incidence sur sa vie (selon lui).
Si le mental est INCAPABLE de nous aider à trouver le bonheur d’une part, et qu’il est ce que nous avons de mieux d’autre part, est-ce que ça veut dire que nous ne serons jamais totalement heureux? C’est ce que nous verrons dans le prochain article (Un regard nouveau).
Aucun commentaire:
Publier un commentaire