Depuis que l’Homme existe, TOUT ce qu’il a toujours fait, c’est pour être plus heureux (il n’y a PERSONNE qui se dise: “Moi, mon but dans la vie, c’est de devenir malheureux”). Mais comme il ne sait pas vraiment ce qui rend heureux, il essaie toutes sortes de choses: il s’efforce de devenir riche, d’acquérir de la notoriété ou du pouvoir, d’être honnête, de faire plaisir à sa femme, de travailler beaucoup, etc., croyant que cela le rendra plus heureux; il ne ménage aucun effort pour obtenir ce qu’il désire. Puis il raisonne que s’il n’a pas la santé, ces choses ne valent rien.
Mais on a affaire à une humanité dans l’enfance. Et comment ça apprend, un enfant? En essayant toutes sortes de choses, en agissant: il fait des bonnes choses et des mauvaises choses, puis il apprend par la conséquence –les résultats heureux ou malheureux de ses actions- qui lui indique si son action le rapproche ou l’éloigne du bonheur. Il y a TOUJOURS des conséquences à nos actions, parfois elles sont immédiates et parfois ça s’accumule et la conséquence vient plus tard (comment saurait-il que telle mauvaise action ne rend pas heureux, s’il ne la fait jamais?)
Il y a donc des gens qui veulent obtenir ces mêmes choses, mais sans fournir d’effort ou sans travailler pour les obtenir (ce qui n’est pas réaliste, et même le cultivateur sait qu’il doit d’abord semer s’il veut pouvoir récolter); alors ils imaginent toutes sortes de stratagèmes, montent des combines “sans risque”, échafaudent des plans futés, se creusent les méninges et font preuve de trésors d’imagination pour les acquérir facilement; bref, ils s’efforcent de devenir riches sans effort ou travaillent fort pour devenir riches sans travailler.
Puis les siècles ont passé et des générations d’Hommes se sont succédées. Ce n’est qu’au 18e siècle que quelques philosophes (comme Pascal, Kant, et surtout Spinoza) commencent à parler d’une recherche consciente du bonheur. Peut-être leurs idées ont-elles fait leur chemin car aujourd’hui, en cette fin de cycle (donc à la veille d’un NOUVEAU cycle) de nombreux individus recherchent le bonheur –alors qu’il y à peine 500 ans c’était seulement quelques dizaines (considérés comme excentriques). En fait de nos jours toutes les librairies ont une section “psychologie du bonheur” où de nombreux auteurs proposent leur recette du bonheur. Depuis le motivateur jusqu’au Dalaï Lama en passant par le psychologue, les motivations de chacun diffèrent grandement (tout comme leur conception de l’être humain d’ailleurs); et ces livres se vendent très bien. Personnellement, je n’ai pas la “recette du bonheur” mais j’ai des choses importantes à dire; alors j’ajoute ma voix au bla-bla général.
Une simple évidence, tout d’abord (que certains qualifieraient de lapalissade): si on cherche tant à être heureux, c’est la preuve qu’on ne l’est pas. En fait, c’est simple: puisque tout le monde tente DE FAÇON INNÉE d’être heureux dans la vie, c’est parce que l’instinct du bonheur est en nous dès notre naissance (nous savons que la jolie fleur qui sent si bon n’est pas apparue soudainement comme par magie: elle provient d’une graine qui s’est développée –et s’il est primordial pour nous d’être heureux, c’est parce que “la graine du bonheur” est profondément plantée/enfouie en nous)
Nous ne naissons donc pas sur Terre pour grandir, vivre le mieux possible, puis crever, mais pour APPRENDRE À DÉVELOPPER la graine du bonheur qui est déjà en nous. Le bonheur n’est pas un inconnu pour soi puisque tout le monde connaît des moments de bonheur; cependant ces moments ALTERNENT avec des moments où l’on n’est pas heureux, et dès lors qu’ils alternent, ce n’est plus un “bonheur qui dure”. Comme notre expérience de la vie montre que les moments de bonheur ne durent pas puisqu’ils sont toujours suivis de moments “non heureux”, on peut se demander si le “bonheur permanent” existe. Trois systèmes proposent une réponse: la religion, la spiritualité et la science (chacune avec sa conception des choses, ses méthodes propres et son vocabulaire).
L’Homme, c’est l’éternel questionneur. Bien avant la philosophie, il s’est posé la question de son identité (qui suis-je VRAIMENT?) et celles de son origine et de sa finalité (D’OÙ est-ce que je viens et OÙ est-ce que je vais?) et la religion, sous une forme ou une autre selon le pays et l’époque, a tenté d’y répondre. Pour elle, le bonheur suprême existe bien, mais pour en jouir on doit mourir d’abord, car c’est au PARADIS, et le paradis, c’est au “ciel” (où au ciel? ça on ne sait pas: quelque part “en haut”). Si tu veux être heureux dans cette vie, la religion ne peut donc rien pour toi car la Terre n’est pas son “domaine d’expertise” (en fait pour elle, la Terre est une “vallée de larmes”, “un lieu où on expie le péché de notre ancêtre Adam” dit-elle textuellement).
Pour aller au paradis, facile: tout ce qu’il faut, c’est être fidèle à cette chère religion et lui obéir aveuglément: faire ce qu’elle te dit de faire et de ne pas faire (qui varie selon les différentes religions). Si tu es très obéissant, tu es récompensé d’un aller simple pour le paradis –quand tu seras mort, bien sûr (et tu pourras jouir du bonheur suprême: chanter les louanges de Dieu pour l’éternité). En fait, elle ne risque rien à dire cela car le paradis, c’est après la mort, et personne n’est jamais revenu pour dire si c’est vrai.
La spiritualité s’occupe aussi de l’esprit, mais d’une façon TRÈS différente de la religion: avec elle, le bonheur suprême (que la religion appelle PARADIS) n’est pas “au ciel” seulement, mais PARTOUT -sur Terre aussi (en fait le bonheur –ou paradis- n’est pas un lieu géographique mais un état psychologique) et elle peut enseigner comment réaliser cet état de façon à être pleinement heureux en tout temps.
Mais il y a un hic cependant: ses méthodes* sont assez difficiles et exigent qu’on s’y consacre entièrement pendant plusieurs années, ce qui fait que très peu de personnes remplissent les condition. Elle peut donc sembler élitiste de prime abord (ce qui est une APPARENCE seulement, et pas la RÉALITÉ): tout comme ceux qui peuvent tenter l’ascension de l’Hymalaya sont assez rares (car l’air est trop pauvre en oxygène), de même bien peu peuvent supporter l’atmosphère subtile des hauts pics spirituels.
* MÉTHODES. Différentes formes de spiritualité proposent différentes méthodes pour atteindre l’état de bonheur permanent (que les religions appellent “Dieu”), mais comme “Dieu” est partout, on peut “LE” trouver n’importe où, quoi qu’on fasse; on ne peut donc pas se tromper, et toutes les méthodes sont bonnes ou utiles. L’essentiel est de “LE” chercher.
Quand tous les Hommes auront suffisamment à manger, un toit où s’abriter, des vêtements confortables, et jouiront d’une bonne santé, l’humanité sera heureuse selon la science (qui s’occupe de tout le monde, et non d’une “élite”); bien qu’elle se soit sincèrement efforcée d’éliminer misère et maladie, en fait elle est victime de sa conception erronée de l’Homme; comme elle est matérialiste, et que selon elle l’Homme est son corps, elle raisonne que satisfaire le corps rendra automatiquement l’Homme heureux. Comme tout ce qui existe, la science est précieuse, mais elle a à la fois raison ET tort. Le fait qu’elle soit matérialiste n’est pas du tout un obstacle au bonheur de l’Homme; c’est son jeune âge qui la limite: avec le temps sa conception de l’Homme et de son bonheur évoluera (déjà le “mourir dans la dignité” de la médecine contraste du tout au tout avec son acharnement thérapeutique de ces dernières années, et semble contredire son “préserver la vie à tout prix”).
Résumé de cette façon, il devient facile de voir ce que l’avenir réserve à ces trois (religion, spiritualité et science). Souvenons-nous que l’important est le bonheur de l’Homme et que cela détermine l’utilité de chacune de ces trois.
La religion a déjà été utile (quand l’humanité était dans l’enfance). Aujourd’hui la TRÈS GRANDE MAJORITÉ des Hommes sont à la toute fin de “l’adolescence de l’humanité” et se prépare à faire partie d’une “humanité adulte”. Et un adulte n’a pas besoin qu’une religion lui dise quoi faire et quoi ne pas faire: il est apte à décider par lui-même. La religion (toutes les religions) aura BIENTÔT atteint la limite de son utilité pour l’Homme et tombera d’elle-même: quand l’humanité sera heureuse, elle n’aura pas besoin d’une religion qui lui dise à quelle condition elle peut trouver le bonheur (que celle-ci appelle “Dieu”).
Mais n’anticipons pas: de même que dans une famille on trouve des enfants de tous âge, et que les plus jeunes ont beaucoup plus besoin de quelqu’un qui leur dise quoi faire que les grands adolescents (qui se préparent à être indépendants), ainsi s’il est vrai que de nos jours la plupart font partie d’une “humanité à la toute fin de l’adolescence”, ce n’est pas le cas de tout le monde: quel que soit leur âge aujourd’hui, une minorité fait encore partie d’une “humanité dans l’enfance”, et pour eux, la religion continuera (jusqu’à ce qu’ils deviennent adolescents).
La paix et la joie rayonnante de ses “sages” prouve que la spiritualité connaît la façon pratique d’accéder à l’état de bonheur permanent. Mais ses méthodes ne sont applicables que par quelques dizaines de personnes par génération, alors que nous voulons une “démocratisation du bonheur”, c.a.d. le bonheur pour TOUS. Alors que faire? La spiritualité connaît des choses précieuses, mais ce n’est pas ce que nous cherchons; elle continuera donc… pour quelques dizaines de personnes seulement.
Des trois, c’est la science qui détient le plus de potentiel pour nous; elle a donc un brillant avenir devant elle; ses découvertes récentes le prouvent amplement et sont une promesse pour l’avenir: ADN, boson de Higgs, physique quantique, nanotechnologie par exemple. Elle est très capable, mais ses superbes avancées sont hésitantes: elle PEUT faire mais ne sait pas vraiment QUOI faire. Son tort, c’est de rejeter les connaissances étonnantes de la spiritualité sous prétexte qu’elle est matérialiste (je crois qu’elle confond religion et spiritualité). Être matérialiste est PARFAITEMENT légitime; ce qui est limitatif, c’est d’être exclusivement matérialiste.
Voyons: la science est CAPABLE de faire mais ne sait pas vraiment QUOI faire, alors que la spiritualité SAIT quoi faire mais NE PEUT le faire que pour quelques personnes; chacune de ces deux a à la fois tort et raison, et aucune n’est complète sans l’autre. Alors la solution est claire, et seul un exclusivisme borné nous empêche de l’envisager: un rapprochement de la science et de la spiritualité. Avec l’aide de la science ET de la spiritualité, l’humanité pourra envisager un avenir plus souriant.
Dans la 2e partie j’élaborerai sur ce rapprochement science/spiritualité (qui ne peut être qu’officieux),et je parlerai d’une avenue inattendue que ce rapprochement ouvrira.
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