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LE MANTRA (2) La pratique









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Faire le JAPA (répéter le MANTRA) est une forme de méditation* très efficace pour forcer le mental à se taire (temporairement bien sûr, puisque le mental est par ailleurs si utile); de plus il y a là un aspect “répétition mécanique” qui convient très bien à notre époque. On peut distinguer trois étapes dans la répétition du mantra qui, sans surprise, se confondent avec celles d’une saine agriculture: l’ensemencement, la croissance, la récolte. Ce qui suit est, à ma connaissance, la première tentative pour systématiser ces règles somme toute assez simples.

*  MÉDITATION.  Le japa n’est qu’une parmi de nombreuses formes valables de méditation. Le divin (qui a des qualités très désirables)  est PARTOUT, et quoi qu’on fasse, on peut le trouver (à la condition de le chercher, bien sûr). Et la méditation est une façon de le chercher (le chercher est plus important que la manière dont on le cherche).


L’étape de l’ENSEMENCEMENT est généralement assez courte, mais elle est essentielle; il s’agit de “planter'” (ou de “semer”) le mantra en nous de façon à ce qu’il devienne une force active, et pour cela prendre l’habitude de le dire, pianoet il n’y a qu’une façon de créer une habitude: LA RÉPÉTITION. C’est comme apprendre le piano: au début il faut faire ses gammes et ça peut paraître peu intéressant; mais à force de répéter, on prend l’habitude du piano et on ne peut bientôt plus s’en passer. Pour le mantra, c’est la même chose: le succès dépend de la répétition. Au début on peut avoir tendance à répéter assez mécaniquement; puis il s’y glisse de plus en plus de conscience et un jour ON S'APERÇOIT QU’ON EST TRÈS CONSCIENT DE TOUT CE QUI NOUS ENTOURE. Mais il y a plus. Si aujourd’hui on peut lire tous les livres qui nous intéressent, c’est qu’on a d’abord appris l’alphabet; de même répéter le mantra apaisera le mental, ce qui nous permettra de découvrir (et d’utiliser) les capacités inouïes qui sont au-delà du mental.




Au tout début il peut se produire l’une de deux choses dépendamment de la phase qu’on traverse: si on a reçu le mantra du gourou (au cours d’une initiation, par exemple), sa force et/ou son encouragement accompagne souvent le mantra; on peut alors se sentir porté par une vague d’enthousiasme où le mantra semble se répéter facilement, et les difficultés, aisément vaincues; mais ça ne dure que quelques jours tout au plus. Commence alors une période inévitable (et de loin la plus répandue) où l’on apprend à répéter le mantra le plus correctement possible. Comme c’est une chose nouvelle pour soi, il s’y glisse inévitablement des erreurs, mais il ne faut pas s’en faire outre-mesure car ça se corrige aisément par la suite (voir plus loin).
respiration


La respiration est importante, mais les gourous ne s’entendent pas sur la façon de rythmer le débit du mantra: beaucoup disent qu’il faut commencer le mantra par une EXPIRATION puis enchaîner la dernière partie avec une INSPIRATION; d’autres disent le contraire: inspiration d’abord, suivie d’une expiration; et chacun a une explication logique: certains disent qu’avant d’atteindre le Suprême (joie suprême, amour suprême ,etc. –tout ce qui est suprême pour soi), il faut d’abord se débarrasser de l’égo (qui est un obstacle à cette formidable découverte); d’autres disent qu’il faut appeler le divin (= les qualités divines) en inspirant, puis les répandre en soi par l’expiration.

Tous ont raison, bien sûr (chacun à son point de vue). J’ai l’impression que les gourous ont à coeur de transmettre le mantra TEL QU’ILS L’ONT REÇU, et qui a fonctionné pour eux. Mon expérience personnelle, c’est que le mental (qui est très intéressant, mais que nous utilisons mal) est un OBSTACLE pour aller plus loin: il faut absolument le forcer au silence pour cela (“c’est quand le serviteur (mental) se tait que le maître paraît” –et le MAÎTRE ce sera nous quand nous détrônerons le mental, qui est un excellent serviteur mais qui agit comme s’il était le maître*). Quoi qu’il en soit,  ce qui importe c’est de RÉPÉTER LE MANTRA (comme un bébé qui fait ses premiers pas: l’important n’est pas de commencer par la jambe gauche ou la jambe droite, mais d’apprendre à marcher). 

* LE MAÎTRE. Présentement le mental reçoit les messages des sens, les évalue et analyse, puis nous en fait part; Il DÉCIDE donc pour nous, et comme il déforme les choses, et qu’il “moud” des pensées du matin au soir sans s’arrêter, nous n’avons jamais l’occasion de percevoir les choses TELLES QU’ELLES SONT EN RÉALITÉ  (nous ne connaissons des choses que ce que le mental en PENSE); autrement dit, par sa SUBJECTIVITÉ, c’est un obstacle à la connaissance de LA RÉALITÉ. Voilà pourquoi on doit lui apprendre à se taire et à n'être actif QUE lorsque nous le décidons .
Le temps consacré à la méditation a beaucoup varié à travers les siècles. Autrefois il y avait très peu de candidats à la “vie spirituelle” (comme on disait alors) mais ils étaient plus aptes à réussir puisqu’ils y consacraient plusieurs heures par jour. Aujourd’hui cela n’est pas possible car nous avons des responsabilités familiales, professionnelles et sociales (la méditation n’est pas tout dans la vie). Alors les gourous font preuve de compassion: ils acceptent tous ceux qui se présentent à eux (en raisonnant qu’il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus). Dans un sens ils ont raison puisque s’il est vrai que tous ont la même origine “divine”, tout le monde n’est pas capable de s’en apercevoir MAINTENANT (tout comme, dans une même famille, il y a des enfants de 2 ans, d’autres de 10-11 ans, et d’autres encore de 17 ans, mais seuls ces derniers deviendront adultes l’an prochain).


On a avOm Namo Bhagavateantage a psalmodier le mantra TEL QU’ON L’A REÇU (même en sanscrit) car alors on  bénéficie de la force/aspiration que des milliers de disciples ont mis dedans, mais il faut savoir que le mantra n’a de valeur que par l’aspiration qu’il éveille/stimule en nous; il est donc important de comprendre la signification de ses mots, et cela est plus facile dans une langue qui nous est familière (comme le français); d’ailleurs Mère était française et son mantra (OM NAMO BHAGAVATÉ) est dans un sanscrit approximatif (BHAGAVATÉ est au vocatif au lieu du génitif),  ce qui ne lui enlève aucune efficacité, mais accrédite la thèse qui dit que c’est la signification des mots qui compte.

Personnellement, je suis passé trois fois par cette étape. Dans les années 1970 un gourou m’a initié au AUM  et par la même occasion, a symboliquement ouvert le chakra du coeur (c’est comme s’il  avait planté une graine qui n’a fleuri que des années plus tard). Plus tard, j’ai lu dans un livre de Satprem le mantra OM NAMO BHAGAVATÉ qui correspondait exactement à mon aspiration; je l’ai donc répété pendant une vingtaine d’années. Enfin en méditation l’an dernier j’ai reçu intérieurement un mantra en français (qui vise à éveiller/stimuler l’aspiration chez tous).


Puis vient la très longue étape de la CROISSANCE intérieure. Méditer devient de plus en plus naturel et facile (c’est là qu’on voit qu’on ne vit pas d’une façon NATURELLE): le mantra semble être vivant tant il se répète facilement (et il nous apporte ce à quoi nous aspirons). C’est alors que l’on observe une chose remarquable: comme le mantra est “vivant”, il corrige de lui-même la manière dont nous le prononçons, la respiration, le rythme, etc. Fascinant et merveilleux. Cette étape dure des années (en fait, elle comprend plusieurs “sous-étapes”), mais elle est très gratifiante; au point que de nombreuses personnes s’y attardent volontiers. Gratifiante comment? Là, impossible à dire: c’est différent pour chacun; chacun devra donc faire ses propres découvertes. Disons que si le mental nous a dotés d’aptitudes très intéressantes, il existe plusieurs “plans d’existence” au-delà du mental, et chacun a ses propres aptitudes.

Dans la 1ère étape, nous avons appris à dire le mantra en méditation; mais pourquoi se limiter à la méditation? LE DIVIN EST PARTOUT*, alors pourquoi ne pas répéter le mantra dans toutes nos occupations quotidiennes (silencieusement, le voisin humain n’a pas besoin de le savoir)? Faut-il s’asseoir dans un coin les yeux fermés pour trouver le suprême? C’est TOUTE LES OCCUPATIONS DE LA VIE qui comptent, pas seulement la méditation du soir: il est facile de répéter intérieurement le mantra en promenant le chien, en allant acheter le journal du matin ou en prenant son bain (on peut même s’endormir bercé par le mantra). Si on prend cette habitude, on devient rapidement très conscient et on n’a rien à envier aux rares disciples de jadis qui passaient le gros de leur temps à méditer.

*  LE DIVIN EST PARTOUT.  Je vais le dire d’une autre façon. La vie nous apparaît telle qu’elle est vraiment, et  telle qu’elle a toujours été (mais que nous ne voyons jamais car nous ne voyons que les apparences): divine. Et “DIEU”, “Il” est bon ou “Il” est méchant? S’il est toutes les bonnes choses qu’on dit de “Lui” (joie suprême, amour suprême, etc.),  il faut absolument le chercher; et s’Il est vraiment partout, on devrait pouvoir le trouver n’importe où,  logique non? De toute évidence, la vie n’est pas divine (ou du moins, ne nous apparaît pas encore divine). Et si la Terre n’était pas “le royaume de Satan” que dit la religion, mais un “champ en friche” que les Hommes apprennent à cultiver à travers les siècles? Si on apprenait peu à peu à manifester “Dieu” (= les qualités divines) dans un monde où le divin nous semble absent (parce que nous ne voyons que les APPARENCES, et pas la RÉALITÉ)? Ce monde deviendrait plus intéressant, non?  Il est vrai que jusqu'à maintenant c'est plutôt un désastre, mais l'humanité est jeune, et avec chaque génération elle apprend, et avec un peu  de recul on voit que demain elle deviendra un adulte remarquable.

Dans un sens, la première étape (apprendre le mantra en MÉDITATION) est une préparation à la 2e (répéter le mantra DANS TOUTES LES OCCUPATIONS DE LA VIE); la 2e (qui facilite grandement notre vie par de nouvelles facultés) débouche tout naturellement dans la 3e. On continue à répéter le mantra dans nos actions de tous les jours, et un jour il se passe une chose extraordinaire (extraordinaire pour nous, mais EN RÉALITÉ tout à fait naturelle).

Un jour TRÈS SOUDAINEMENT les choses nous apparaissent très différemment (comme dit le zen: “maintenant tout est différent, et pourtant rien n’a changé”). En fait, elles n’ont pas changé du tout; c’est nous qui les voyons tel qu’elles sont EN RÉALITÉ (j’appelle cela “le changement de regard”). Il y a une sorte de “déchirement des limites” (la spiritualité appelle cela “la 2e naissance”; et c’est vrai: comme la naissance, il y a un avant et un après). C’est comme si tout à coup on avait traversé une frontière; tout est nouveau, et en même temps tout est familier: on comprend intimement des choses qu’on croyait ignorer, on considère des gens que l’on ne connaît pas littéralement comme des frères, etc.

On s’aperçoit qu’une formidable unité relie tous les êtres.

 
 

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QUI EST DONC CE JIGÉ?

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Laval, Québec
L'AVC qui a laissé mon corps handicapé en 1990 m'a aussi donné une compréhension inouïe de tous les êtres vivants (surtout humains mais aussi animaux).
Les scientifiques disent que nous utilisons seulement 10% du cerveau. Peut-être mon 10% s'est-il légèrement déplacé car des choses qui sont faciles à la plupart me sont impossibles ou difficiles et des choses qui leur sont extraordinaires sont très ordinaires pour moi.

Mes amis disent que je suis philosophique car je ne prends pas la vie pour acquis: je la questionne jusqu'à ce qu'elle me donne des réponses. Mais cela m'a amené à découvrir quelques uns de ses secrets, et ces secrets, je veux les partager avec toi, ami. (Voir L'HOMME QUI CHERCHAIT DES RÉPONSES -juil. 2008)

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