Il suffit de prononcer les mots de “fin du monde” dans une réunion pour entendre tous les chuchotements, potins et cancans s’interrompre tout à coup, et voir les personnes, jusque là dispersées en petits groupes, se rassembler dans une conversation des plus animées: chacun a une croyance, une opinion ou une lecture à raconter à ce sujet.
S’agit-il de la fin de l’espèce humaine, de la fin de toute vie sur terre ou de la fin de l’univers? Là, les opinions divergent, et celui qui écoute réellement assiste à un déferlement d’émotions diverses allant de la simple incertitude au malaise le plus profond, en passant par un sentiment d’une fatalité écrasante.
Selon certains la fin viendra d’une guerre nucléaire ou bactériologique, et sera causée par l’Homme; ils t’expliqueront, par exemple, que les USA ont des “armes de destruction massive” en quantité suffisante pour anéantir toute vie sur terre. Ou bien encore ils te diront avec fatalisme que l’humanité s’est développée de telle façon qu’elle causera sa propre perte. Il y a aussi ceux qui croient que le manque d’eau potable, la pollution, la surpopulation, ou un des mille autres problèmes que rencontre l’Homme mettra fin à son existence ou, tout au moins, sera un obstacle majeur à son plein développement (pour la question démographique je dirai la solution probable prochainement).
Il est facile de répondre à ceux-là pour peu qu’on connaisse l’histoire de l’humanité. S’il est vrai que les espèces animales ne se développent que si les condition sont favorables (sinon l’espèce dépérit, puis disparaît), il en va tout autrement pour l’espèce humaine, qui semble pouvoir se développer quelles que soient les conditions (favorables ou non). Ainsi aucune condition difficile (guerres, catastrophes naturelles, problèmes de toutes sortes) n’a jamais empêché l’humanité de se développer dans le passé: pourquoi serait-ce différent aujourd’hui? Certes, il fait face à de sérieux problèmes, mais il n’a pas son pareil pour résoudre des problèmes et il a TOUT ce qu’il faut pour trouver une solution à ceux-là.
Certains sont d’avis que notre soleil venant à s’éteindre, toutes les planètes qui dépendent de lui (donc la terre aussi), privées de chaleur et de lumière, mourront. D’autres encore parlent d’un Big crunch qui mettra fin à l’univers entier. Évidemment, il n’y a là aucun fondement scientifique; on doit donc y voir le signe d’une insécurité (qui semble assez généralisée de nos jours). Inutile donc de tenter maladroitement de combattre leur idée de la fin du monde; expliquons-leur plutôt les conditions nécessaires à un parfait sentiment de sécurité, et ils cesseront de parler de fin du monde.
D’autres citent prophètes et livres sacrés et déclarent d’un air inquiet que la fin du monde est proche. Ils te parleront de l’Apocalypse, de Nostradamus, du calendrier maya qui prédisent la fin du monde selon eux. Ceux-là sont plus difficiles à convaincre car leur opinion est basée sur d’anciens écrits difficilement intelligibles. Pour réfuter leurs affirmations, il est nécessaire de revisiter leur source même et de pointer du doigt tous les passages qu’ils ont mal interprété, en rétablissant la vérité à chaque fois.
En réalité ces prophéties et livres sacrés parlent un langage mystique que nous ne comprenons plus de nos jours; nous avons donc tort d’essayer de les interpréter rationnellement en nous imaginant qu’ils annoncent la fin DU monde, alors qu’ils parlent de la fin D’UN monde, l’expression utilisée (“la fin des temps”) ne signifiant que la fin de la civilisation actuelle (comme on dit “la fin de l’ère industrielle”). Il faut savoir que nous avons une conception linéaire du déroulement des événements du monde, alors que les anciens mystiques en avaient une conception cyclique.
Il y a aussi ceux que la perspective d’une fin possible inquiète: ils aimeraient mieux ne pas en entendre parler, mais ne peuvent s’empêcher d’écouter lorsqu’on en parle. Enfin il y a les inévitables “plaisantins” que ce sujet horripile tellement qu’ils tournent en dérision tous ceux qui en parlent; je les appelle “les autruches” car ils croient pouvoir écarter le “danger” (!) en plaisantant.
Il n’y a qu’à “prendre le pouls” du monde pour être fixé: l’idée d’une fin du monde ou de l’Homme est assez généralisée (même si RAISONNABLEMENT on n’y croit pas). En fait, le changement est dans l’air, alors impossible de respirer, sans respirer l’idée de changement aussi (et changement veut dire que ça ne continuera pas comme avant). Chez les êtres humains l’idée de changement signifie “FIN” de ce qu’ils connaissent, ce qui se traduit en eux par l’idée de fin DU monde, c.a.d. fin de LEUR monde. Si on regarde l’image de Tintin en tête de texte, on sera fixé sur le sentiment que l’idée de fin du monde inspire.
Pourtant “la fin du (ou d’un) monde” est une simple question de croissance, et n’est pas à craindre, au contraire. La fin du monde de l’adolescence ne marque-t-elle pas le début du monde de l’adulte? Nous sommes tous passé par là un jour; c’est donc INÉVITABLE, un passage obligé en quelque sorte. Mais nous ne sommes pas morts (la preuve, c’est que nous sommes encore là aujourd’hui, moi à écrire et toi à me lire).
Alors, il n’y a aucune raison de craindre une hypothétique destruction de notre planète (qui a 0% de chances de se produire, disons-le), ni une fin de l’Homme (qui a un long et brillant avenir devant lui). Certes il a de sérieux défis à relever, mais l’Homme est un “solutionneur de problèmes” hors pair; ce qu’il a fait, il peut le défaire et pour ceux qui savent, “l’après” sera 100 fois plus beau que le “maintenant”.
Ceux qui attendent, craignent ou même considèrent avec un haussement d'épaules une future destruction de l'univers ne connaissent pas les merveilles qui sont à nos portes, attendant patiemment que nous soyons prêts à les goûter.
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