Depuis que nous sommes tout petits on nous rabâche les oreilles avec une morale qui a peut-être déjà été vraie (il y a très longtemps) mais qui est TOTALEMENT inadéquate aujourd’hui: “Fais le bien, ne fais pas le mal”. Mais nous oublions une chose: c’est qu’il y a évolution, ce qui veut dire qu’aujourd’hui notre idée de “ce qui est bien et ce qui est mal” a évolué.
On n’a pas besoin d’un Moïse qui nous DICTE les 10 commandements: respecte ton père et ta mère, ne voles pas, ne tues pas, etc. Aujourd’hui on sait tout cela. Mais autrefois, c’était “tuer ou être tué”, alors c’était normal de tuer. Si une religion venait et disait “ne tues pas”, c’était si nouveau qu’on réfléchissait: Mais pourquoi enseigne-t-elle cela? Il doit y avoir une raison! Ça les forçait à remettre leurs actes en question. C’est pour ça que dit que je dis que ÇA DÉJÀ ÉTÉ VRAI, mais ça ne veut pas du tout dire que nous en sommes encore là aujourd’hui (sauf pour le soldat, pour qui c’est encore “tuer ou être tué”).
Évidemment que Dieu n’évolue pas (Il n’a pas besoin d’évoluer: Il est DÉJÀ parfait); c’est nous, les êtres humains, qui évoluons et notre conception de Dieu, du bien et du mal, etc. a évolué avec nous. Mais les religions n’ont pas évolué (si, un peu tout de même, par la force des choses): elles enseignent encore “Tu ne tueras point”. C’est OK de dire cela à un tueur, mais pour tous les autres, c’est complètement inutile: ils savent déjà que “tuer est mal”, ils n’ont pas besoin qu’une religion le leur dise. Bien sûr, nous ignorons ce qui est véritablement bien et mal, mais inutile de demander au prêtre/imam, etc.: il l’ignore aussi (il ne peut te répondre que ce qu’en disait son livre sacré il y a 2000 ans).
Mais alors, qu’est-ce qui est véritablement bien/mal pour nous là, aujourd’hui? La réponse est potentiellement inutile (et peut même être nuisible) pour tous ceux qui ont BESOIN de la morale ordinaire (“fais le bien, ne fais pas le mal”), mais il y a tous ceux qui sentent que la morale ordinaire les emprisonne; ils sont nombreux en cette fin de cycle; en fait le nombre de ceux qui sont déçus par la morale religieuse ne cesse de s’accroître.
Et si le BIEN comme le MAL étaient mal vus? Si le mal était aussi nécessaire que le bien pour notre croissance? Ce serait toute une révolution (mais sensée pour une fois). Il n’y a qu’à réfléchir: si je ne suis pas habitué à faire de la gymnastique et que je m’entraîne, le lendemain j’ai mal à des muscles “que je ne savais pas avoir”. Alors, question: si ces muscles me font mal, est-ce une mauvaise chose? La réponse est simple: en faisant de l’exercice, je suis devenu plus conscient de mon corps, et ÊTRE PLUS CONSCIENT, même si ça se manifeste d’abord par un mal, est très souhaitable (et même avantageux): une bonne chose.
De même, si je me blesse au pied, on peut considérer que c’est mauvais; mais si cette blessure m’empêche d’aller à la guerre et de perdre la vie, de toute évidence c’est bien. Si ma mère m’aime, ça ne peut être qu’une bonne chose selon moi; mais si son amour m’empêche de vivre comme je veux, alors cela devient une mauvaise chose.
Donc, le mal peut être un bien, et le bien peut être un mal. En fait il y a là une telle interdépendance que je suis forcé de reconnaître que je ne sais pas vraiment ce qui est bien et ce qui est mal. Ça se complique encore davantage s’il s’y mêle des sentiments car alors je suis tiré à gauche et à droite selon que je ressent un sentiment d’attraction ou de répulsion.
Par contre je remarque que si “le mal peut être un bien, et le bien peut être un mal” pour moi, alors je ne ressens aucun sentiment particulier (ni attraction, ni répulsion); rien n’est polarisé, rien n’est étiqueté “BIEN” ou “MAL”, quoi qu’il arrive, c’est toujours OK. Une sorte de sérénité calme et paisible s’installe en moi, qui ne nuit en rien à mon action; au contraire, je suis en pleine possession de mes moyens pour agir. La seule différence, c’est que je perçois plus clairement dans quel sens agir.
En fait c’est la logique même: si je ne sais pas ce qui est mal et ce qui est bien, alors comment puis-je porter un jugement sur les événements? Par exemple dire “le feu est mauvais” prouve que je ne connais pas la nature du feu. Au contraire, si je sais que “le mal peut être un bien, et le bien peut être un mal”, je suis incapable de dire que le feu est bon ou mauvais; tout ce que je peux faire, c’est constater que le feu brûle.
Les événements qui arrivent ne sont ni bien ni mal: ils arrivent, c’est tout. Si ma maison brûle, m’arracher les cheveux de désespoir n’aide pas: elle brûle toujours; il est donc absolument INUTILE de qualifier cet incendie (de malchance, coup du sort, etc.) Mais si je reste neutre, il se produit une chose remarquable: le fait que je ne sois poussé par aucune émotion (désespoir par exemple) me permet d’agir LIBREMENT; et c’est SANS CONTRAINTE que je fais ce qu’il faut pour éteindre ce feu.
Le mental qualifie tout de bien ou de mal; mais les choses telles qu’elles sont EN RÉALITÉ ne sont ni bien ni mal, elles SONT, c’est tout. Par exemple, si le feu détruit ma maison je le trouve mauvais, et s’il cuit mon repas, alors je le trouve bon; mais en soi le feu n’est ni bon ni mauvais, il brûle, c’est tout. Le mental est INCAPABLE de connaître la réalité des choses; il ne connaît de la réalité que ce que lui en PENSE. On ne voit JAMAIS le monde tel qu’il est vraiment, mais seulement tel que le mental le perçoit (pour le mental les choses ne sont pas ce qu’elles sont en réalité, mais ce qu’elles lui APPARAISSENT: soit bien soit mal).
Il y a aussi l’aspect individuel du bien et du mal (qui se traduit en nous par QUALITÉS et DÉFAUTS). Si j’applique “le mal peut être un bien, et le bien peut être un mal” à mon caractère, alors j’obtiens “une qualité peut être un défaut, et un défaut peut être une qualité” ce qui m’indique que je ne sais pas du tout si tel ou tel trait de caractère est un défaut ou une qualité. Par exemple, si Robert donne de son argent est-ce une qualité ou un défaut? Est-il généreux ou dépensier?
Comme on le voit, la question du bien et du mal est beaucoup plus complexe que “faire le bien et ne pas faire le mal”. On sait qu’il ne faut pas désirer la femme du voisin, mais ça n’a jamais empêché personne d’avoir une maîtresse. Bien sûr que le bien est meilleur que le mal, mais si je ne sais pas vraiment ce qui est bien et ce qui est mal, alors en quoi ça m’avance de savoir cela?
Au lieu d’obéir à un code artificiel (comme par exemple des règles de morales), il vaut beaucoup mieux écouter sa conscience qui, elle, sait de façon infaillible ce qui est bien et ce qui est mal. Qu’une religion dise ce qui est bien et ce qui est mal, c’était OK quand l’humanité était dans l’enfance, mais de nos jours la majorité fait partie d’une humanité-adolescente (et un adolescent c’est quelqu’un qui se prépare à être adulte).
Les règles morales varient selon les pays et les époques, mais la conscience ne varie jamais. Seulement il y a un hic. Tout le monde a une conscience, mais comme nous n’en sommes généralement pas conscients, il faut apprendre à l’écouter. C’est tout à notre avantage de faire cela car elle sait de manière infaillible ce qui est bien et ce qui est mal (c’est comme avoir une boussole: avec elle on sait toujours si on se rapproche ou s’éloigne du bonheur ).
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