JE TE SALUE AMI. Aujourd’hui je vais discourir sur une chose que je ne connais pas, qui m’échappe en grande partie: la vérité. Mais ça ne devrait pas être trop difficile car je suis occidental, et tout le monde sait que les Occidentaux sont habiles à parler de ce qu’ils ne connaissent pas.
Mais comment parler de la vérité sans dire des faussetés monumentales? On se rend bien compte que c’est difficile aussi car la vérité, on ne sait pas vraiment ce que c’est. Bien sûr on croit savoir, mais comme chacun a la sienne (différente de celle du voisin) on n’est pas plus avancé. Dire “la vérité est relative” ou “tout est vrai”, en un sens c’est vrai aussi mais ça n’aide pas à comprendre. D’ailleurs on dit LA vérité et non “une” vérité, comme s’il n’y en avait qu’une et que tout le reste était faux.
Quand j’ai commencé l’école, on m’a enseigné que, des trois états de la matière, l’eau fait partie de l’état liquide. Alors, tout fier, je croyais savoir. Puis, quelques années plus tard, au cours de physique, j’ai appris que c’est plus compliqué que cela: “l’eau peut être un solide ou un gaz aussi si l’on augmente ou abaisse sa température (neige, vapeur)”. J’ai tombé des nues: “Alors l’eau est tout cela? Est-ce que ça ne veut pas dire que TOUT EST TOUT (ou que tout peut être tout –à certaines conditions)?” Ce “tout est tout”, j’ai mis des années à comprendre comment ça peut être vrai: “je n’ai qu’à apprendre les conditions, alors”.
En fait, s’il existe UNE vérité, elle est si grande que chacun ne peut en connaitre qu’un tout petit morceau. Alors, tout fier, chacun s’accroche à SA vérité, sans voir que chacun des autres en détient aussi un autre morceau. Finalement si l’on veut connaitre toute la vérité sur un sujet quelconque, il faut tenir compte de ce que les autres en pensent. C’est bien la preuve qu’on est plus complet tous ensemble, et qu’un individu, mon dieu, c’est limité et tout petit.
Donc pour l’élève plus avancé, l’eau n’est pas seulement un liquide comme on le lui a dit en 1ère année. Évidemment si on lui avait dit tout de suite que l’eau peut être soit un liquide, soit un gaz, soit un solide, il n’aurait rien compris, le pôvre (zut, j’ai fait une fôte). La vérité se dévoile par étapes (et il n’est pas recommandé de sauter des étapes). En fait on ne peut pas dire “ceci est vrai, donc le contraire est faux”. C’est beaucoup plus subtil que cela:
TOUT dans ce vaste univers va dans le sens (il n’est RIEN qui soit contre): pas de fausseté, de “péché” ou que sais-je; RIEN qui puisse m’induire en erreur. TOUT ce que je vois est vrai (réel) puisque ça existe: impossible donc de me tromper. “L’eau est un liquide”: c’est vrai, “l’eau est un gaz”: vrai aussi, “l’eau est un solide”: encore vrai. Ce que nous appelons “vrai” est une sorte de leçon, et ce que nous appelons “faux”, une autre sorte de leçon: nous apprenons de tout, c’est formidable!
Mais attention, “aucune erreur dans le monde” n’est vrai que du véritable moi (que le mental appelle “âme”), pas du “moi habituel” que chacun croit être: ce moi-là se trompe amplement, c’est de lui que parle le proverbe latin “errare humanum est”; eh oui, il n’y a que l’Homme qui puisse se tromper, aucun animal –du poisson et de l’insecte au mammifère en passant par le reptile et l’oiseau- ne le peut.
D’ailleurs il n’y a que nous, les Hommes, pour différencier VÉRITÉ et FAUSSETÉ. En réalité on n’a pas à se demander si une chose est vraie ou fausse, on n’a qu’à constater qu’elle EXISTE, c’est tout (si quelqu’un me tue, que ce soit juste ou que ce soit une erreur ne change rien puisque je meurs tout de même).
Une observation attentive montre qu’il n’y a pas une chose qui soit vraie et une autre qui soit fausse, mais qu’une unique chose dévoile peu à peu de multiples couches successives; et à chaque fois qu’on découvre une nouvelle couche, on acquiert une meilleure compréhension de la chose (comme un oignon que l’on éplucherait encore et encore sans jamais trouver quelque chose de concret à quoi se raccrocher); et de cette unique chose, c’est un aspect différent qui est vrai pour l’un et pour l’autre; ce qui fait qu’une chose peut être (ou plutôt PARAÎTRE) vraie pour moi et fausse pour toi.
La vérité (quel mot affreux!), on ne la possède jamais complètement, on ne peut jamais se dire “enfin, j’ai la vérité; maintenant j’arrête de chercher et je me repose” (comme une femme qu’on prendrait pour acquis simplement parce qu’on l’a épousée); non, même lorsqu’on la détient, il faut chercher et chercher encore, et on en découvre toujours plus (et la femme qu’on a épousée, ce n’est que le début: maintenant on apprend à la comprendre vraiment).
Chacun de nous a une image très subjective de la vérité d’une chose; on peut même dire que SA vérité et MA vérité sont très différentes. Il y a certainement plus de trente ans, un jour une copine me disait combien la bombe nucléaire était horrible. Or la veille j’avais vu la photo d’un champignon atomique, et je m’entendis lui répondre: “Oui, c’est certainement très nocif, mais c’est si beau!” Tout le monde sait que le cancer est une horrible maladie (parfois même mortelle); or je peux très bien imaginer un médecin disant à un de ses collègues: “J’ai vu un superbe cancer aujourd’hui”.
Si hypothétiquement l’on étudiait l’univers entier (y compris notre monde), on ne trouverait jamais une chose qui soit 100% fausse, on irait toujours de vérité moindre en vérité plus grande. Et pourquoi? Parce qu’il n’existe QUE la vérité et rien d’autre.
Certains disent VÉRITÉ, d’autres disent DIEU. Le vocabulaire diffère, mais ça parle de la même chose.
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