Je te salue ami. J’aime la langue française, alors pas étonnant que je m’intéresse à l’étymologie des mots. Aujourd’hui je me sens plus philosophique, alors je me questionne sur l’origine du mot étymologie lui-même: il vient directement du mot grec ἐτυμολογία (etumología), qui est formé des mots ἔτυμος (étumos: véritable) et λόγος (logos: discours, raison). Donc, “science du véritable”, mais du véritable quoi?
Selon la définition couramment acceptée, l’étymologie d’un mot nous renseigne sur son origine véritable. Vient-il d’une autre langue? D’un autre mot de la même langue? En connaissant l’étymologie d’un mot on fait parfois des découvertes très intéressantes. Qui se douterait par exemple, que le mot orteil, a la même origine que le mot article? Et pourtant tous deux viennent du latin articulum (l’un du latin classique et l’autre, du latin vulgaire)? Ou encore que les mots CHOSE et CAUSE ont la même origine (lat. causa)? Pourquoi dit-on plomberie lorsque l’on parle de la tuyauterie d’une maison? Parce qu’à l’origine les tuyaux étaient en plomb.
Mais il y a peut-être une autre définition du mot étymologie. Et si ETUMOLOGIA ne voulait pas dire “origine véritable” mais “sens véritable”? Les implications seraient alors surprenantes, déroutantes même. On serait obligés d’admettre qu’en évoluant, le sens de beaucoup de choses n’a pas progressé mais, au contraire, a perdu du contenu (tout comme les anglais ont adopté le mot français PRUNE en restreignant son sens à celui de pruneau), et qu’au point de vue spirituel, les Anciens étaient plus avancés que nous.
Par exemple, le mot UNIVERS: pour un grec de l’antiquité, l’univers comprenait de nombreux plans d’existence (dimensions), et de nombreuses personnes, très puissantes et invisibles (qu’il appelait dieux et déesses) déterminaient le cours des événements humains, alors que de nos jours, nous n’avons plus la notion de plan, quant aux dieux et déesses, “ce n’est qu’une mythologie qui n’a pas d’existence réelle et plus personne ne croit à ces superstitions”.
Peut-être que pour pouvoir progresser autant dans la connaissance de la matière, il a fallu perdre la notion de multiples plans d’existence. C’est simple: puisque nous ne croyons qu’au plan matériel il n’y a que lui à étudier. Dans Le matérialisme j’écrivais:
…aujourd’hui presque tout le monde sait lire et écrire (au lieu de quelques centaines il y a à peine 2-3000 ans) et la science est répandue dans tous les pays. D’un autre côté, s’il est vrai que beaucoup plus de personnes ont une connaissance, disons intéressante, force nous est de constater que le niveau général de connaissance a beaucoup baissé comparé à celui des sages de l’antiquité (tellement en fait que beaucoup sont convaincus qu’aujourd’hui nous sommes plus avancés que les sages d’autrefois).
Ça dépend à quel point de vue: matériellement, il est évident que nous avons énormément progressé (pour nos ancêtres plus sages, l’aspect matériel était peu important), mais le prix à payer a été très lourd: la perte du contact avec le véritable moi –que le mental appelle “âme”- qui est TOUJOURS heureux, quoi qu’il arrive, a une nature telle que ses capacités nous semblent des pouvoirs inouïs (inouïs pour nous qui pouvons si peu). Il y a même des gens qui croient que le véritable moi n’existe pas.
C’est ainsi que la notion de psyché nous est devenue étrangère (non, une psyché ce n’est pas un miroir). C’est le nom que les grecs de l’antiquité donnaient à l’âme (Ψυχή / Psykhế). Aujourd’hui nous parlons un langage rationnel alors que la mythologie parle un langage symbolique; ce qui fait que nous sommes incapables de voir les vérités qu’elle contient.
Psyché, fille de roi (= de Dieu) n’a pas encore trouvé de mari (n’est pas encore réalisée dans l’Homme). Elle est d’une extrême beauté, mais personne ne la demande en mariage. Aphrodite, jalouse, demande à Éros (le désir de l’Homme) de la rendre amoureuse du mortel le plus vil qui soit, mais il tombe lui-même amoureux de Psyché.
Tous les soirs, Éros la rejoint dans sa chambre (son intérieur), lui demandant de ne jamais chercher à connaitre son identité, cachée par l'obscurité de la chambre. Toutes les nuits, il lui rend visite puis la quitte avant l'aurore. La jeune femme apprécie de plus en plus les étreintes et les mots doux qu'ils échangent alors. Rien ne manque au bonheur de Psyché, si ce n'est de connaître le visage et le nom de son amant nocturne, et de revoir sa famille. Ses deux sœurs, amenées au palais par Zéphyre, sont folles de jalousie face à tant de richesse et de bonheur. Elles cherchent à persuader Psyché que son époux n'est rien d'autre qu'un horrible monstre qui finira par la dévorer. Terrifiée à cette idée, elle profite du sommeil de son amant pour allumer une lampe à huile afin de percer le mystère. Elle découvre alors le jeune homme le plus radieux qu'elle ait jamais vu. Mais une goutte d'huile brûlante tombe sur l'épaule du dieu endormi, qui se réveille aussitôt et s'enfuit, furieux d'avoir été trahi.
Folle de chagrin et de remords, Psyché se jette dans une rivière. Mais la rivière compatissante la dépose sur la berge, où est assis le dieu Pan. Ce dernier conseille à Psyché de tout faire pour reconquérir l'amour d'Éros. Alors la princesse part à la recherche de son amant. Elle erre de temple en temple, sans succès. Enfin, elle parvient au palais d'Aphrodite, qui la soumet à toutes sortes d'épreuves, comme une esclave.
Entre-temps, Éros s'est échappé du palais de sa mère, qui l'y avait enfermé. Toujours épris de Psyché, il la ranime doucement avec la pointe d'une de ses flèches. Puis il l'emmène devant Zeus en personne, qui convoque les dieux de l'Olympe (dont Aphrodite, enfin apaisée) et annonce publiquement le mariage d'Éros et Psyché. Celle-ci est invitée à consommer l'ambroisie, ce qui lui confère l'immortalité. Le dieu et la nouvelle déesse sont alors unis en présence de tout le panthéon, et un merveilleux banquet s'ensuit.Quelque temps plus tard, Psyché donne à Éros une fille, nommée Volupté. L'amour (Éros) et l'âme (Psyché) sont ainsi réunis pour l'éternité.
De nos jours la plupart des gens sont prisonniers d’un seul langage (le langage rationnel), ce qui fait qu’ils sont INCAPABLES de comprendre la mythologie grecque, qu’ils considèrent comme “un ensemble de récits mythiques qui n’a aucune existence réelle”. Mais en se remettant dans le contexte de l’époque, et avec l’aide certaines clés, nous pouvons arriver à comprendre.
Les sages d’autrefois, peu nombreux, avaient la connaissance (beaucoup plus que les scientifiques d’aujourd’hui) mais la seule façon de la transmettre à leurs concitoyens qui ne savaient même pas lire, était à travers des récits fabuleux. Ainsi ce que ces grecs appelaient dieux et déesses ne sont que ce que nous appelons forces de la Nature: différents langages pour dire la même chose.
Pour celui qui y est attentif, l’étymologie d’un mot ne montre pas seulement ce qu’il voulait dire à l’origine, mais ce que nous avons perdu.
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