Bien que le cerveau soit encore mal connu, nous savons que c’est une sorte de “coordonnateur” de toutes les fonctions du corps puisqu’il régule tous nos organes en agissant sur les muscles, les glandes et les systèmes sensoriels; il voit même aux fonctions cognitives (et ses relations avec l’esprit sont l’objet de discussions philosophiques et scientifiques). Il est donc très important, et il est tout à fait légitime de chercher à s’assurer qu’il s’acquitte bien de ses fonctions.
Or une observation minutieuse nous apprend des choses très intéressantes: bien qu’il semble fonctionner NORMalement (c.a.d. selon la NORME habituelle), on remarque qu’il est gravement “sous-employé” et que le cerveau recèle un potentiel inexploité qu’il serait tout à notre avantage de développer.
En fait si le cerveau (ou plutôt le mental, qui y a son siège) ne possède pas plus de capacités actuellement, c’est que nous l’utilisons mal. En d’autres mots, NOUS nous attendons à ce qu’il fasse ce pour quoi il n’est pas fait. Et comme il est de bonne volonté, il essaie de répondre à notre attente. Il n’est pas fait pour nous conseiller sur la façon de mener notre vie; ce n’est pas un “directeur de conscience”.
Nous avons TOUS une conscience (que souvent nous avons appris à ne pas écouter). Vivre sans écouter la conscience est catastrophique. C’est comme escalader une montagne à pic tout seul et tout nu: on court à la catastrophe. Le mental veut bien aider, mais il est drôlement plus limité que la conscience pour cela. Alors, bien sûr que nous ne sommes pas heureux: nous demandons au mental de nous indiquer comment l’être, et lui ne sait pas. D’ailleurs il ne voit/connaît même pas LA réalité, mais seulement une APPARENCE de réalité qu’on appelle ILLUSION.
Une illusion, c’est une chose qui existe mais qui nous apparaît différemment de ce qu’elle est en réalité (c.a.d. une chose qui prétend être autre chose que ce qu’elle est vraiment), tandis qu’un mirage, c’est quelque chose que l’on voit mais qui n’existe pas réellement. Quand la spiritualité dit que “le monde est illusion” cela veut dire qu’il n’est pas du tout comme nous le percevons, et nous avons tous un petit illusionniste là-haut dans la tête, qui nous jette de la poudre aux yeux sans même se douter que ce n’est que de la poudre aux yeux. Autrement dit, nous naissons, grandissons, vivons, puis mourons dans ce monde sans jamais savoir comment est le monde.
Attention, c’est grave! Je ne parle pas d’un lapin qui sort d’un chapeau de magicien, d’un tour de passe-passe ou de prestidi… (enfin, tu sais, le mot qui décris un magicien de scène), je dis qu’à cause de ce mystérieux cerveau (siège du mental) on ne voit pas le monde tel qu’il est vraiment, mais seulement ce que LUI en perçoit.
La science moderne ne serait pas en désaccord avec cette affirmation car ne dit-elle pas que “l’observateur influe sur la chose observée” (Hubert Reeves)? Autrement dit, le simple fait de prendre connaissance d’une chose colore cette chose et la déforme. On sait que 10 témoins d’un accident en donneront 10 versions différentes. Puisque leurs sens fonctionnent normalement et de façon semblable, il n’y a qu’UNE SEULE raison possible: le facteur d’erreur ne peut provenir que du mental. Autrement dit, nous vivons de manière catastrophique (pour nous et notre environnement) parce que nous faisons confiance à ce mental qui décide pour nous, et celui-ci nous trompe -involontairement, bien sûr, car il fait de son mieux, le pôvre. (zut! j’ai fait une fôte!)
En fait, on ne mesure pas vraiment la gravité de la situation. Quand une épouse se rend compte que son cher mari (l’homme en qui elle a totalement confiance) la trompe “avec UNE AUTRE”, c’est un tel désenchantement pour elle (“Quoi? Il a trahi ma confiance!”) que la situation ne peut perdurer: cela doit absolument se régler, D’UNE FAÇON OU D’UNE AUTRE. Mais que quelqu’un nous montre que notre mental nous trompe, nous trouvons peut-être cette déclaration curieuse ou originale, mais ce n’est pas plus grave que ça: “continuons à faire confiance à ce cher mental”.
Comment donc cet “organe directeur” s’y prend-il pour nous tromper? La psychologie nous apprend qu’on a 5 fenêtres qui nous renseignent sur le monde (les 5 sens). Si on pousse plus loin cette investigation, on s’aperçoit que ces 5 sens sont tous reliés au cerveau par des nerfs ou des ensembles de nerfs, et que leurs messages sont traités et interprétés ultimement par cette matière GRISE (ou NOBLE, c’est comme on veut), et c’est lui qui nous dit comment est le monde dans lequel nous vivons.
On ne réalise généralement pas les implications de nos perceptions sensorielles, et ça peut paraître un sophisme de le dire (une lapalissade ou un truisme) mais le fait qu’on aie des sens pour prendre connaissance du monde prouve qu’il y a bien un monde, et hypothétiquement, quelqu’un qui n’aurait aucune de ces fenêtres sur le monde (ni vue, ni ouïe, ni odorat, ni goût, pas même de sens tactile) pourrait encore penser/raisonner, mais il ne saurait RIEN du monde –qui serait inexistant pour lui.
En fait, le monde tel qu’il est vraiment est TRÈS différent de ce qu’il nous paraît: par exemple, il n’y a rien qui soit semblable à une couleur, mais on perçoit tout sous forme d’impulsion électrique, et c’est le cerveau qui interprète cela comme “rose bonbon” ou “vert bouteille”. Il est donc tout à fait légitime de chercher à s’assurer qu’il fait bien “son job” de décodeur des messages des sens. Or, l’observation montre hors de tout doute que si le mental est excellent pour OBSERVER* les choses de la Nature (afin de l’IMITER**), par contre pour SAVOIR* comment elles sont vraiment, on ne peut se fier à lui: il n’est pas fait pour savoir comment sont les choses; ce n’est qu’un pis-aller en attendant de trouver quelque chose de meilleur, ce qui fait qu’il serait plus avantageux d’aller à cela en nous qui connaît les choses intimement.
* OBSERVER/SAVOIR. Dans notre monde très cartésien nous savons prendre du recul avec les choses de sorte que nous (ou plutôt une petite partie de nous très envahissante: le mental) sommes très habile à nous détacher psychologiquement des choses pour les OBSERVER (comme on observe une chose extérieure ou étrangère à nous). Ce qui est une bonne chose: ça permet au mental d’ÉTUDIER les choses, et éventuellement d’en tirer une LOI utile pour notre vie.
Mais ce mouvement de détachement si utile pour observer les choses, est le contraire du mouvement d’IDENTITÉ nécessaire pour CONNAÎTRE les choses (on connait parce qu’on est, pas parce qu’on observe). C’est pourquoi je dis que le mental, qui est excellent pour imiter (copier, faire, agir, organiser, classifier), est aussi un très mauvais instrument pour CONNAÎTRE/SAVOIR; ce n’est pas de sa faute: il n’est pas fait pour ça. C’est nous qui l’utilisons mal. Il faut apprendre à l’utiliser seulement pour ce à quoi il est utile, et chercher ce qui est compétent pour CONNAÎTRE.
** IMITER. La science, qui est très dépendante du mental (pas de mental = pas de science) est aussi excellente pour IMITER la Nature. Par exemple, elle OBSERVE, puis ÉTUDIE patiemment l’écho-location du dauphin (qui a été créée par la Nature, notons), et invente le sonar. Mais elle est INADÉQUATE pour connaître ce qui n’est pas de sa compétence (comme créer l’écho-location).
Puisque le mental déforme tout ce qu’il perçoit, j’en déduis que la science (qui repose sur notre faculté mentale) étudie cette déformation qu’est le monde vu par le mental (et non le monde tel qu’il est réellement), d’où: LA SCIENCE EST BONNE POUR AGIR (IMITER) MAIS PAS POUR CONNAÎTRE. On dit aussi que “La science est un bon serviteur mais un mauvais maître”, autrement dit lorsqu’elle veut nous diriger et décider ce qui est bon pour nous, elle est de TRÈS MAUVAIS conseil.
Le mental agit comme un filtre de couleur qui teinte tout ce qu’on perçoit. RIEN n’est donc RÉELLEMENT tel qu’on le perçoit ou, en d’autres mots, le mental est inadéquat pour nous montrer comment est le monde: il ne nous montre pas la réalité, mais seulement une APPARENCE de réalité telle que lui la perçoit (tout se passe comme s’il voyait seulement le masque, et pas le visage sur lequel il est plaqué). Le mental nous trompe donc (involontairement il est vrai). Dans Mental et mentir j’écrivais: “il n’y a que l’Homme pour ne pas voir LE monde, mais SON monde (le monde tel qu’il PENSE qu’il est), l’illusion (ou le “mensonge”) n’existe QUE pour lui”. Ce n’est ni volontairement ni par mauvaise volonté que le mental nous trompe, mais parce qu’il est incapable de percevoir une RÉALITÉ qui lui échappe.
Puisque le mental déforme ce qu’il perçoit, il nous faut recourir à quelque chose d’autre de plus compétent pour connaître la réalité. Cette réalité, une partie centrale de nous (que j’appelle pour cette raison “le vrai moi”) la CONNAÎT directement. Mais comme c’est encore inconscient, il faut apprendre à la connaître (pour toute chose que l’on ne connaît pas –comme le piano- il faut apprendre). Ce vrai moi (que la spiritualité appelle le SOI, et le mental, l’ÂME) est encore une inconnue pour nous, c’est pourquoi si on veut le connaître il faut le CHERCHER (et celui qui cherche est CERTAIN de trouver). (Je parlerai du vrai moi bientôt –en attendant, voir LE MOI VÉRITABLE, INCARNER LE PERSONNAGE et peut-être L’ÊTRE ÉTERNEL)
3 commentaires:
Je n'arrive pas bien à cerner ce que tu appelles le mental. Par contre, il me semble comme toi que notre perception du monde est partielle, et que de se plonger en soi-même pour essayer d'identifier les "puissances" au sens platonicien du terme qui sous-tendent nos émotions, pensées, comportements, aide à en avoir une vision plus juste.
En fait mon sentiment profond est que la plupart du temps, nous sommes aveuglés par les émergences dans notre conscient des envies, besoins et pulsions de notre part plus animale/terrestre.
Salut Cantabile,
Ce n’est pas la 1ère fois que des gens à la formation scientifique demandent des précisions sur mon utilisation du mot MENTAL, et tu as raison de demander. Je suis davantage spiritualiste et mon vocabulaire est souvent assez imprécis (ce qui a aussi ses avantages: de cette façon chacun comprend ce qui peut lui être le plus utile). Je ne recherche donc pas «la signification exacte des mots employés afin que tout le monde comprenne bien ce que je veux dire».
Habituellement ce mot désigne l’ensemble des fonctions cognitives de l’être humain. Pour moi cependant, ces fonctions sont regroupées sous le vocable «mental pensant» qui est une subdivision du mental (et l'intellect est une strate supérieure du mental pensant).
À part le mental pensant (qui est strictement humain), MENTAL regroupe aussi certaines facultés chez les animaux (surtout les mammifères et certains oiseaux) et d’autres facultés, disons, au-delà de l’humain.
Je crois que c'est justement l'abord par une logique différente de chacun (scientifique, émotionnelle, intuitive) des choses de l'esprit qui rend les discussions riches.
A part les définitions, dis-moi si je me trompe, mais ton avis est que chaque créature, les hommes et les animaux en tout cas (mais pourquoi s'arrêter là, cela dit) a une dimension de conscience de soi et de ce qui l'entoure qui est au-delà du corps?
C'est ce que tu regroupes sous le nom de "mental", c'est ça? Personnellement je dirais plutôt "esprit", mais on a à peu près la même vision il me semble.
Publier un commentaire