Une histoire vraie
9 juin 1990 à l’aube. C’est presque l’été: le temps est doux et on dort avec les fenêtres ouvertes. Enfin! Les fleurs du jardin embaument l’air, et en face le labrador du voisin a passé la nuit sur le balcon. Sur cette rue de Laval une ambulance file vers l’hôpital avec, à son bord, un passager inconscient car il vient de faire un AVC. Il ne reprendra conscience que 9 jours plus tard et ne sera jamais plus un individu de l’espèce Homo sapiens. Mais ça, il ne le sait pas encore.
L’histoire que je vais te conter est authentique. C’est mon histoire et c’est la première fois que je la raconte. En fait ça s’est passé il y a 17 ans déjà et je n’étais pas enclin à en parler (sauf quelques bribes à des proches) non par timidité, modestie ou je ne sais quoi, mais par respect: chacun a ses propres idées et il me semblait que dire les miennes, c’était en quelque sorte empiéter sur celles des autres.
Chacun a les expériences -bonnes ou mauvaises- le plus propice à le faire progresser (et progresser pour un homme, ça veut dire faire un pas de plus vers le bonheur). Alors cet AVC est mon expérience, et telle autre personne aura telle autre expérience (plus utile pour SON bonheur); alors pourquoi l’embêter avec MON expérience? D’ailleurs parler de mon expérience, c’est parler de MOI; il faut de l’ego pour ça, et j’en manque terriblement: ce n’est pas pratique si on veut s’affirmer, mais ça m’a permis de découvrir une chose extraordinaire, on pourrait même dire un secret. Et ce secret, je veux le partager avec toi, ami.
Donc, je ne suis pas enclin à parler de cet AVC, mais depuis quelques mois je me sens poussé à parler de l’effet extraordinaire que cela a eu sur moi; alors je vais dire, je vais conter l’essentiel pour que tu puisses accéder aussi à ce secret. Jigé passera, mais peut-être ce qu’il a découvert t’encouragera-t-il à faire la même découverte.
À l’hôpital on m’a couché dans un lit (on a couché mon corps plutôt). Et j’étais là, actif et plein de vie, faisant mille choses, et n’ayant aucunement besoin du corps pour agir. J’agissais même avec une liberté que ne connaît pas le corps (pas encore). Tout de même, après 9 jours j’ai senti que cela suffisait et qu’il faudrait bien que je revienne sur terre; alors j’ai ouvert les yeux et là j’ai compris: il n’y a pas la vie terrestre d’un côté, et celle où on va après la mort du corps, de l’autre. Non! IL N’Y A QU’UNE VIE.
Je n’ai jamais été aussi vivant que durant ces 9 jours; et ils disent que j’étais dans le coma. Ou ils croient que j’ai rêvé (et pour eux un rêve c’est quelque chose d’irréel). Mais ce n’est pas tout: on m’a alors appris que j’avais failli mourir et que je resterais handicapé. Je n’ai rien dit mais il y avait quelque chose en moi qui riait, riait (comme si on m’avait dit: Vous savez, ce chandail que vous portez tout le temps, eh bien il y a un gros trou dedans, il faut en changer).
Je suis resté deux mois dans cet hôpital, éveillé le jour et dormant la nuit. Alors le rêve, je sais ce que c’est. Et je suis formel: ces 9 jours où j’étais libre du corps ont été une expérience formidable, pas du tout un rêve.
Alors tu comprends maintenant pourquoi je dis qu’AVEC OU SANS CORPS ON EST VIVANT
13 commentaires:
Un incroyable témoignage...merci de le partager avec tant deferveur...Sylie
Magnifique, Jigé, ce témoignage. Et je suis bien certaine que tu peux apporter quelque chose d'essentiel à ceux qui croient qu'il faut être sans problème pour être heureux et qui s'escriment à chercher le bonheur là où il n'est pas.
Merci de ta visite sur mon blog.
Je suis très heureuse d'avoir découvert le tien.
Sevim est une amie très chère.
Au plaisir de te lire.
Sourire (Pascale)
Vertige ontologique...
Magnifique mise en perspective du langage dans l'existence. Je ne sais pas si tout cela est juste. Il suffisait d'une microseconde, au réveil, pour recréer les neuf jours... mais c'est 'possiblement' juste et cela me suffit!
On pense au papillon.... Pas à celui de Lorenz dont tu parles tellement bien dans ton blog mais celui de Tchuang Tseu.
L'humilité du savoir tient de la lucidité pas de la morale. Merci Jijé pour ce témoignage bouleversant.
Hélas... hélas... cette altitude de vol qui pourrait apaiser ceux qui souffrent dans la tête est-elle accessible à ceux qui souffrent dans le corps?... Pensons et prions pour eux...
Sincèrement... *larme à l'œil*, tu écris si bien. Ton histoire est vraiment touchante. Tu écris avec beaucoup de poésie, c'est vraiment magnifique^^.
Moi aussi j'aime beaucoup écrire, et j'aime aussi dessiner^^" (même si les dessins présents sur mon blog, sont assez anciens).
En tout cas, je viendrais visiter ton blog, je te le promet.
J'ai découvert ton lien en visitant celui d'une de mes amies qui dessine, et me voilà...^^"""""""""""
Elenwë
merci Jigé, merci vraiment de ton témoignage. Tu es passé sur mon blog, tu m'as invitée, et vraiment, je n'aurai pas souhaité passer à côté !
j'ai créé mon blog, ayant souvent dit: " peu importe quoi et comment c'est arrivé...c'est uniquement ce que je suis devenue par contraste avec celle d'avant qui compte....et qui a des choses à transmettre. Ce que tu dis là m'interpelle car j'en connais la réalité, et je crois, que grâce à toi, bientôt, très bientôt, j'oserai témoigner aussi de mon "éveil bruyant"!!
au plaisir Jigé, je reste en contact avec ton blog.et surtout continue !! Monique
le corps n'est qu'une enveloppe ,le principal c'est ton âme, elle seule sait qui tu es ? et pourquoi tu es là? je ne sais pourquoi il arrive des évènements douloureux dans la vie des gens mais parfois cela les aide à devenir, devenir autre, devenir ce qu'ils ont toujours été, dans la douleur on se retrouve, c'est dommage a dire , mais il faut tomber parfois très bas pour apprendre à vivre réellement.Mais une fois que l'on sais qui l'on est plus rien ne peux plus vous arriver de mauvais car la peur n'existe plus.
j'aimerai savoir ce que tu as fait pendant 9 jours lorsque tu n'étais pas dans ton corps terrestre ...
Te souviens-tu de ce que tu as vue ? ressenti ? Pour ma part, je pense que nous avons + d'1 vie. Nous avons plusieurs cycles dans notre vie terrestre actuelle. J'en suis à mon 5ème cycle.
Et les vies ? J'en ai vécues pleins aussi ... Je suis une vieille âme.
Oui, c'est de ré-incarnation dont je parle. Et pour ta part, bien que cet accident soit survenu, il t'a aussi apporté une autre vision de la vie, d'où un autre cycle, encore et encore. Les evenements de la vie nous font basculer vers d'autres cycles ... d'autres vies.
Cela nous rend plus fort. Plus Humain.
Peace. Nina.
Quelle leçon de VIE et merci de tout ce partage , tu es venu sur mon blog au hasard et je trouve que le hasard à bien fait les choses , continue...
Je le sais ça, Jigé ! Pas parce que j'ai vécu la même chose que toi, mais parce que je reste persuadée que l'on ne peut pas naître, vivre, manger, dormir et qu'ensuite il n'y ai plus rien... c'est ici que j'ai posté... je reviendrai lire et poster ailleurs... bonne nuit !
Bonjour Jigé,
merci de ton passage et de ton commentaire sur Recherche dans le Vide. J'ai moi aussi lu attentivement et avec intérêt plusieurs de tes articles. J'aimerais que tu nous en dises plus sur ce que tu as vécu,vu, entendu, éprouvé durant cette période de 9 jours de N.D.E. (Expérience proche de la mort). À bientôt
LoveLise
Salut Lise,
Ça fait 20 ans, alors je ne m'en souviens plus (pas plus qu'on ne se souvient de ce que l'on a fait il y a 20 ans).
Mais l'impression est restée d'une liberté d'action que ne connaît pas le corps.
En fait je me souviens d'une chose parce que je suis revenu à ce moment-là:
J'étais assis sur la branche d'un arbre (ça paraissait tout à fait naturel, alors qu'ici ça prend une échelle) quand K (mon épouse, qui était dans ce monde-ci) m'appelle. INSTANTANÉMENT toute la nature autour a verdit, et j'ai ouvert les yeux.
Bonsoir
J'ai découvert ton blog sur net.A vrai dire il me faudra des heures et des heures pour naviguer sur tes articles qui sont impeccables.
Tu es vraiment philosophe et on a toujours des idées et des points de vue communs.
Bonne continuation
J'ai pas bien compris la différence entre "critiques" et "opinions" ?
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