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Free hugs

 

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Le début du mouvement FREE HUGS (câlins gratuits) est assez banal mais vaut qu’on le raconte.

Tout a commencé un jour de juin 2004 en Australie. Juan Mann (un britannique émigré en Australie) venait d’enterrer sa mère à Londres et, inconsolable, il rentrait chez-lui; arrivé à l’aéroport de Sidney, il vit que les passagers de l’avion avaient tous de la famille ou des amis pour les accueillir, les étreindre, rire avec eux. Mais lui était triste et seul dans cet aéroport, sans personne avec qui partager sa peine, personne qui lui dise qu’ils se sont ennuyés de lui ou qu’ils sont contents de le revoir.

Le lendemain, plutôt déprimé, il acheta un gros carton et un crayon feutre, inscrivit FREE HUGS (câlins gratuits) des deux côtés du carton, puis se posta à une intersection piétonne achalandée en brandissant sa pancarte improvisée. Pendant une quinzaine de minutes il ne se passa rien sauf que les passants le regardaient comme on regarde un excentrique ou quelqu’un d’un peu étrange.

Puis il sentit une main derrière, lui tapoter l’épaule: c’était une dame assez âgée et plutôt petite qui lui expliqua que le matin même son chien était mort et que c’était l’anniversaire de la mort de sa fille unique; elle se sentait triste et seule, et avait besoin d’un câlin. Ému, Juan Mann, qui était plutôt grand, mit un genou par terre et étreignit la dame; ce fut sa première étreinte. Au bout de quelques secondes, quand ils se sont séparés, elle semblait consolée; cette étreinte avait donc fait du bien à 2 personnes: Juan Mann lui-même et la dame. Puis cela alla très vite: une personne, puis une autre, des dizaines de personnes se présentèrent spontanément pour une “étreinte gratuite” (a free hug).

Tout le monde a un problème ou un autre dans la vie (quelqu’un qui n’a aucun problème*, ça n’existe pas), alors pourquoi chacun devrait-il garder sa peine en lui de façon INDIVIDUALISTE? Pourquoi ne pas ouvrir les bras pour laisser aller son problème (au lieu d’essayer de le retenir)? Pourquoi ne pas PARTAGER ce qu’on EST (avec ses moments de peine, mais aussi de joie)? Juan Mann nota que son “câlin gratuit” l’avait réconforté et avait réconforté l’autre personne; puis il continua, encouragé par sa première expérience. Le lendemain les média australiens s’emparèrent de l’affaire. Des journaux comme le Sydney Morning Herald racontèrent son histoire et The Australian titra “The man who would hug the world” (l’homme qui voulait étreindre le monde). Il fut même invité sur le plateau de la télévision locale (News 10 Australia) pour raconter son histoire.

* Mais on peut faire en sorte que ce qui serait un problème pour beaucoup n’en soit pas du tout un pour soi.

Dès lors l’affaire se répandit comme une trainée de poudre dans toute la ville (et assez rapidement dans toute l’Australie). Ce qui n’était au départ qu’une action individuelle devint rapidement un mouvement d’envergure nationale. Alors la police intervint pour interdire toute l’affaire: ces “séances d’étreintes publiques” représentaient un freehugs2risque potentiel de sécurité et de santé, et le mouvement FREE HUGS n’avait pas les $11 millions nécessaires pour couvrir les risques. C’est à ce moment-là que fut lancée la pétition de la “Free Hugs Campaign”. En peu de temps les organisateurs réunirent les 10,000 noms nécessaires, et les autorités ne purent que s’incliner: FREE HUGS avait désormais les coudées franches.

Un jour de 2006 les musiciens de Sick Puppies (un groupe rock australien) rencontrèrent Juan Mann (un pseudonyme) par hasard dans un centre commercial de Sidney (le Pitt Street Mall). Impressionnés, ils écrivent une chanson qui parle de son action, et la mettent en ligne sur Youtube. En un rien de temps, le mouvement FREE HUGS se répand à travers le monde: une cinquantaine de pays partent des groupes FREE HUGS, espérant apporter/trouver un peu de chaleur humaine dans un monde de froideur logique.

Aujourd’hui, il semble que la froide logique l’aie temporairement emporté sur la chaleur humaine car les mouvements FREE HUGS ont tendance à s’essouffler partout à travers le monde. Qu’est-ce qui va se passer? Bien sûr, ces mouvements ne sont pas morts, ils ont simplement réduit leurs activités. La suite de l’histoire n’est pas encore écrite et dépend en grande partie de chacun de nous. Ça se résume à une alternative: voulons-nous continuer notre mode de vie individualiste, ou sommes-nous prêts à accepter de partager un peu de nous-mêmes avec un inconnu (qui est un être humain comme nous)?

Personnellement je n’ai entendu parler du mouvement Free Hugs que tout récemment (pourtant il y en a un à Montréal!), mais vers la fin des années 70 (donc 25 ans avant FREE HUGS), j’ai suivi un cours qui s’appelait Raja 1 (un atelier de fin de semaine conçu comme une introduction au RAJA YOGA avec une forte influence des RELATIONS HUMAINES) et j’ai mis ses enseignements en pratique pendant des années. C’est donc dire que j’ai une longue expérience d’étreintes et de câlins à des inconnus, alors je crois être en mesure de dire pourquoi les groupes FREE HUGS ont ralentis leurs activités. 

Partager ce qu’on EST (joie et peine) avec l’autre en l’étreignant (même si on ne le connait pas), c’est une très bonne chose, mais ce n’est pas suffisant. Bien sûr, étreindre quelqu’un (et être étreint) apporte beaucoup d’énergie car on sent qu’on n’est pas seul et ça console temporairement de nos problèmes. Mais ça ne règle rien: on ne devient pas une meilleure personne simplement parce qu’on a étreint un inconnu au coin de la rue: on est exactement le même après qu’avant.

Seulement, de lui permettre de partager sa peine le console, et nous donne (à tous deux) de l’énergie. C’est comme si on lui disait: “Je ne suis pas indifférent, ami”. Et APRÈS? Chacun vaque à ses occupations ou retourne chez lui comme d’habitude, et se congratule: j’ai étreint 100 inconnus aujourd’hui, cool non? Bien sûr que c’est bien (certainement mieux que de rester seul chacun dans son coin) mais c’est loin d’être suffisant. Qu’est-ce qu’on fait avec toute cette énergie qu’on reçoit? Il faut bien que cela serve à quelque chose.

Pour ce que j’en comprend, les groupes FREE HUGS étreignent pour étreindre. Et puis ça s’arrête là, ils ne vont pas plus loin (je crois qu’ils n’ont même pas idée que ça peut aller plus loin). En dernière analyse, le mouvement FREE HUGS est un excellent moyen de sortir de notre individualisme; ça nous rappelle qu’il n’y a pas que le petit MOI au monde: il y a tous ces autres aussi, et chacun de ces autres dit MOI aussi, des millions et des millions de “MOI”. Et FREE HUGS va vers eux.

Mais si l’INDIVIDUALISME est une mauvaise chose, l’INDIVIDU, lui, est une très bonne chose. Et FREE HUGS est très bon pour contrer l’individualisme, mais vaut zéro pour l’individu. Alors, rien d’étonnant à ce que ces groupes s’essoufflent un peu partout: il n’y a là aucune force cohésive qui puisse transformer les individus en une MEILLEURE espèce humaine. QUE de la bonne volonté.

Et on ne change pas les gens avec de la BONNE VOLONTÉ.

 

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1 commentaire:

Alice a dit...

Quel bel exposé sur le mouvement "Free Hugs", j'ignorais quel en était l'historique !
J'ai souri en lisant : la police intervint pour interdire toute l’affaire: ces “séances d’étreintes publiques” représentaient un risque potentiel de sécurité et de santé" ...
La prochaine fois que je publierai une vidéo de Free Hugs, je mettrai un lien vers ton article, d'accord ? ;-)
Bonne suite de journée, Jigé ! Je te fais un free hug ! :-))

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QUI EST DONC CE JIGÉ?

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Laval, Québec
L'AVC qui a laissé mon corps handicapé en 1990 m'a aussi donné une compréhension inouïe de tous les êtres vivants (surtout humains mais aussi animaux).
Les scientifiques disent que nous utilisons seulement 10% du cerveau. Peut-être mon 10% s'est-il légèrement déplacé car des choses qui sont faciles à la plupart me sont impossibles ou difficiles et des choses qui leur sont extraordinaires sont très ordinaires pour moi.

Mes amis disent que je suis philosophique car je ne prends pas la vie pour acquis: je la questionne jusqu'à ce qu'elle me donne des réponses. Mais cela m'a amené à découvrir quelques uns de ses secrets, et ces secrets, je veux les partager avec toi, ami. (Voir L'HOMME QUI CHERCHAIT DES RÉPONSES -juil. 2008)

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