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Les grands espaces






Certaines personnes aiment lire, et ainsi, apprennent beaucoup. En fait les idées exprimées dans un livre sont une sorte de nourriture intellectuelle et nous enrichissent. Mais qu’est-ce qu’un livre, sinon les idées d’un Homme couchées en mots et publiées? Je lis peu de livres, et pourtant j’apprends énormément. Comment? Je visite beaucoup de blogs (presque tous les jours en fait). Et là, j’apprends toutes sortes de choses très enrichissantes, c’est formidable! Aujourd’hui j’aimerais te parler de ce que j’appelle «les grands espaces».

Parmi les blogueurs que j’ai visités, nombreux sont ceux qui ont eu une ou des expériences intéressantes avec les grands espaces. Quelques-uns ont une certaine familiarité avec une pensée spirituelle (ou ésotérique, ou mystique), d’autres, pas du tout, mais dans tous les cas «ces grands espaces» amènent un élargissement de l’être qui laisse un sentiment très agréable chez celui (ou celle) qui a ressenti cela; c’est comme se retrouver chez soi après un temps d’absence (on comprend alors la parabole de l’enfant prodigue). Si agréable en fait que beaucoup s’en souviennent avec nostalgie 5, 10 ou 15 ans plus tard, comme s’ils avaient été si vivants durant ces quelques minutes que le reste de leur vie paraît terne à côté.

Les circonstances varient beaucoup. Quelques-uns, au cours d’une journée en mer, se sont sentis devenir immenses comme l’océan (en conscience bien sûr) tandis que d’autres (plus nombreux), couchés dans l’herbe, sont devenus vastes comme la voûte étoilée au-dessus d’eux. L’une d’elles, qui vit en France m’a même raconté qu’elle ressent cela chaque fois qu’elle se retrouve dans le désert tunisien.

Il y a quelques jours j’ai atterri sur le blog d’une femme au parcours inusité: d’écrivain, elle est devenue camionneur. Elle raconte que depuis toute jeune elle était attirée par la route qui défile sans cesse. Moi que le cheminement d’autrui émerveille facilement, j’ai trouvé cela très intéressant. Quand on «avale des km», peut-on imaginer plus irrépressible sentiment de liberté?

De tout temps la route a symbolisé le voyage de la vie. D’ailleurs ne parle-t-on pas de PARCOURS, de CHEMINEMENT, de VITESSE DE CROISIÈRE ou d’ÉTAPES? Et le véhicule utilisé représente le moyen de faire ce voyage. Évidemment une auto (ou dans son cas un camion) est plus rapide qu’à pied: la route défile à toute vitesse.

Dans un voyage, ce qui est intéressant, c’est le chemin que l’on parcourt, pas la destination, et dans la vie ce qui compte, ce n’est pas la fin au bout, c’est tout ce qu’on voit dans l’intervalle et l’expérience que cela nous apporte. Parfois il y a des hasards heureux. J’avais découvert le blog d’un camionneur qui avait été écrivain. Elle POUVAIT DONC PARLER de la route d’une manière unique, poétique même. J’ai trouvé cela beau, rare et si enrichissant.

Mais pourquoi un «grand espace» nous fait-il cet effet? Et pourquoi seulement à quelques uns et pas à tous? Qu’on le veuille ou non, le mental est actif du matin au soir, il moud continuellement des pensées; des bonnes pensées ou des mauvaises, peu importe, il doit moudre quelque chose: il est comme ça, c’est tout; être silencieux, c’est mourir pour lui, cesser d’exister (ce n’est pas vrai mais c’est ce qu’il croit). En fait, c’est le mental qui distingue les pensées en bonnes ou mauvaises, en elles-mêmes les pensées ne sont que DES pensées, sans distinction de bonnes ou mauvaises (de même que le feu n’est ni bon ni mauvais, il brûle, c’est tout; mais s’il brûle notre maison, nous le trouvons mauvais, et lorsqu’il cuit notre repas, nous considérons qu’il est bon).

Quand le mental est au repos (c.a.d. quand il est inactif) notre être s’universalise spontanément. La spiritualité, qui a remarqué cela, a inventé toutes sortes de moyen pour obtenir son silence –le plus souvent de façon temporaire, mais parfois permanente. Or si on a une grande étendue devant soi (mer immense, vaste ciel, etc.) le mental a tendance à s’apaiser et, chez certains, à devenir silencieux, et l’être s’universalise alors (pour quelques secondes le plus souvent) laissant ensuite un souvenir d’intense bonheur (la spiritualité appelle cela BÉATITUDE).

Pourquoi notre être s’universalise-t-il donc, puisque nous savons qu’il est petit, individuel et limité? Eh bien NON, il n’est pas petit, individuel et limité. Aujourd’hui on croit se connaître; mais on ne connaît de soi qu’une mince couche superficielle. EN RÉALITÉ, CHACUN DE NOUS EST VASTE COMME L’UNIVERS, PERPÉTUELLEMENT HEUREUX ET ÉTERNEL. Seulement, nous ne le sommes pas PRÉSENTEMENT. Ce n’est qu’un potentiel: c’est une part de nous dont nous ne sommes pas encore conscients qui est tout cela. Nous avons donc tout avantage à apprendre à nous connaître RÉELLEMENT afin de faire de ce potentiel une réalité.

Apprendre à se connaître, qu’est-ce ça veut dire? La description habituelle est éminemment limitative et très incomplète. C.a.d. que nous avons une conception tronquée de l’être humain. La psychologie moderne appelle même «esprit» ce qui n’est que notre être psychologique (mental, sentiments, émotions) et ne connaît RIEN de l’esprit véritable. Résultat: elle parle de «S’aimer pour aimer les autres». Évidemment, c’est la base minimum. Si on ne s’aime pas, comment peut-on aimer les autres? Pas étonnant qu’on aime si peu et si mal.

En fait, l’expérience montre l’opposé et l’univers est ainsi fait que je ne peux pas m’aimer si je n’aime pas les autres. En apprenant à aimer l’autre (les autres), je ne peux pas ne pas m’aimer (peut-on ne pas aimer celui qui aime ses semblables?) Autrement dit, la meilleure façon de m’aimer, c’est d’aimer l’autre. DONNER DE LA JOIE APPORTE DE LA JOIE et RENDRE HEUREUX REND HEUREUX.




3 commentaires:

Toutarmonie a dit...

La fin de ton texte me laisse perplexe...(2 derniers paragraphes)

Personnellement, je ne vois pas comment aimer les autres m'aidera à m'aimer, si je ne m'aime pas d'abord! En fait, je donnerais l'impression aux autres de les aimer, mais le message non dit là-dedans, c'est je vais vous aimer pour qu'à votre tour, vous m'aimiez (comprendre par là donnez-moi ce que je n'arrive pas à me donner moi-même). C'est un peu comme tous ceux qui offrent des cadeaux en espérant en recevoir aussi... Les attentes sont grandes...

Alors que lorsqu'on apprend à s'aimer pour ce qu'on est réellement... nous pouvons alors aimer les autres inconditionnellement et vraiment... sans attentes... parce que notre besoin d'amour est comblé par nous-même. ainsi, nous savons que notre bonheur ne dépend pas de l'autre...
Qui a envie d'être responsable du bonheur des autres d'ailleurs?

Les voyages, dont ceux entourés de grands espaces, nous aident effectivement à nous intérioriser...

Jigé a dit...

Ce que tu dis est vrai, chère Toutarmonie, et je le dis dans ce texte s’aimer soi-même est la base minimum. Si on ne s’aime pas, comment peut-on aimer les autres?, c’est une façon valable et peut-être la plus courante d'aimer les autres; mais ce n’est pas la seule façon, et certainement pas la meilleure (c’est beaucoup mieux que de ne pas aimer les autres cependant).
Tout ce que tu dis serait vrai si MOI est fondamentalement différent de l’AUTRE (ce qui est l’illusion de la séparation). Si on regarde les choses avec du recul, on constate qu’en réalité distinguer MON moi et le moi des autres est artificiel: ultimement il y a l’humanité (et ton moi, ou le mien, ou celui de cet autre là en fait partie). En fait la différence entre toi et les autres est une APPARENCE seulement. Ton corps et ton être psychologique sont séparés de ceux des autres, alors tu crois qu’ils sont autres que toi, et tu dois aller vers eux pour les aimer. Mais c’est une APPARENCE illusoire, et pas la réalité. La réalité (que l’on ne voit généralement pas), c’est que moi et les autres sommes UN (dans des corps et des êtres psychologiques séparés/distincts) de la même façon que ton corps est UN, mais il est composé de multiples organes. L’humanité est une, mais elle est composée de 6 milliards d’individus. Alors si elle est une, il ne suffit pas de dire: «Moi (=le cœur ou le foie) je vais m’assurer que je vais bien et après je vais voir si le corps va bien». On PEUT faire ça, c’est faisable (et c’est mieux que rien) mais c’est loin d’être la meilleure façon. En fait, de cette façon, le foie risque d'aller bien dans un corps qui se meurt. La meilleure façon est de considérer que les autres sont proches de moi (UN, en fait) et de les aimer comme je m’aimerais moi-même (sans me préoccuper si c’est réciproque). Et comme je ne suis pas seul, je m’aperçois que des milliers ou des millions de gens ont à cœur que je sois heureux (tout comme, si le corps va bien, automatiquement le foie (ou le cœur) va bien).
Tu fais déjà cela sans le savoir quand tu prends soin de ton environnement puisque c’est aussi l’environnement de milliers «d’autres» personnes. Ce qui serait super intéressant, c’est de le faire consciemment. Et «aimer pour être aimé», «donner un cadeau en espérant en recevoir un», ce n’est pas de l’amour, c’est du marchandage.
Toujours un plaisir de recevoir un commentaire de toi,
JG

Youkali a dit...

Le bonheur des grands espaces. Contemplation, légèreté, respiration profonde et lente, silence de l'immensité.Tous les jours je me rends avec mon cavalier au bord du fleuve. Lui observe plutôt les oiseaux ,moi je photographie les paysages changeant selon les saisons ou les heures de la journée. Toujours cette préférence pour les grands espaces plats, l'infini, l'horizon.
Je prends soin dans mes compositions de laisser plus de place au ciel plutôt qu'à la terre.
l'historienne de l'art que je suis y voit parfois des paysages que des peintres nous ont laissés.
Moi qui ne voyage pas beaucoup...je me déplace dans le temps et à la verticale en admirant les grands espaces. Je reviens chez moi, contente, paisible; ma détente à l'horizontal en sera meilleur
"Béatitude" du corps et de l'esprit
Youkali
Merci de vos écrits, JG

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QUI EST DONC CE JIGÉ?

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Laval, Québec
L'AVC qui a laissé mon corps handicapé en 1990 m'a aussi donné une compréhension inouïe de tous les êtres vivants (surtout humains mais aussi animaux).
Les scientifiques disent que nous utilisons seulement 10% du cerveau. Peut-être mon 10% s'est-il légèrement déplacé car des choses qui sont faciles à la plupart me sont impossibles ou difficiles et des choses qui leur sont extraordinaires sont très ordinaires pour moi.

Mes amis disent que je suis philosophique car je ne prends pas la vie pour acquis: je la questionne jusqu'à ce qu'elle me donne des réponses. Mais cela m'a amené à découvrir quelques uns de ses secrets, et ces secrets, je veux les partager avec toi, ami. (Voir L'HOMME QUI CHERCHAIT DES RÉPONSES -juil. 2008)

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