Le sceptique (du grec skeptikos -qui examine) est quelqu’un qui ne prétend jamais avoir découvert la vérité mais examine les faits. Rien de ce qui existe n’a que des avantages et aucun inconvénient: le scepticisme est donc une importante protection contre les superstitions ou les fausses connaissances, et en même temps, une grave limitation, ce qui me fait dire que parfois il est raisonnable et parfois déraisonnable.
Il y a une très grande différence entre les sceptiques grecs de l’antiquité et les sceptiques d’aujourd’hui. Les sceptiques de l’antiquité (comme Anaxarque, Aristoclès, Pyrrhon ou son disciple Timon), bien qu’ils aient amplement utilisé le doute dans leur recherche de la connaissance, n’ont jamais été dogmatiques, et le but reconnu du scepticisme de l’antiquité était la paix de l’esprit (qu’on appelait alors TRANQUILLITÉ). Prenons l’exemple de quelqu’un qui dit croire en l’âme. Le sceptique ne croira pas cela aveuglement, et son premier réflexe sera de douter ou de questionner, ce qui l’amènera à examiner les arguments “pour ou contre”, à se faire sa propre idée et, son doute dissipé, il trouvera la tranquillité.
Contrairement à cela, bon nombre de sceptiques de nos jours doutent “par principe” et n’ont aucune intention de chercher si telle ou telle croyance a un fondement ou non. Cette attitude de beaucoup de mes concitoyens ne favorise pas une meilleure connaissance, mais au contraire entretient l’ignorance chez eux; les anciens sceptiques accueillaient toute affirmation par le doute, puis cherchaient à dissiper ce doute, alors que de nos jours les sceptiques ne cherchent pas du tout à dissiper leur doute: ils doutent “pour douter” ce qui peut les empêcher de connaître des choses fort utiles.
Si on se demande ce qui caractérise le sceptique de l’antiquité, on trouve trois choses: le questionnement (ou doute), l’examen des arguments, puis la fin du doute (quelle que soit la réponse finale). Le sceptique d’aujourd’hui est aussi caractérisé par trois choses: le doute, l’incrédulité et la méfiance; ces trois indiquent un manque de confiance en l’autre, et est dû à notre manière individualiste de vivre: on ne peux faire confiance qu’à soi-même et à personne d’autre.
Bien qu’il y ait eu des sceptiques à toutes les époques, c’est de nos jours qu’ils sont le plus nombreux. Normal, puisqu’aujourd’hui cette bonne vieille Terre a 7 milliards de bouches humaines à nourrir, alors qu’il y a seulement 2000 ans, c’était à peine 250 millions. De plus, aujourd’hui presque tout le monde sait lire et écrire, alors qu’il y a 2000 ans c’était seulement 3% de la population (merci Charlemagne!). Ce qui veut dire qu’aujourd’hui beaucoup plus de personnes ont accès à la CONNAISSANCE.
Mais il y a eu un terrible prix à payer pour cette “démocratisation” de la connaissance: de nos jours le niveau de connaissance a considérablement baissé. Par exemple, la notion de plans d’existence nous est tout à fait étrangère –sauf des bribes dans la spiritualité; notre époque ne connaît qu’un seul plan: le plan matériel (le moins important de tous), la RÉALITÉ se bornant donc à n’être que matérielle pour nous (c.a.d. une infime partie de la véritable réalité). De même ce que nous appelons “nature” n’est que ce que les anciens appelaient NATURE MATÉRIELLE (le plus bas des multiples niveaux/échelons de la Nature). Comme il y a du positif dans tout, cette diminution de la connaissance n’a pas eu que des effets regrettables: en délaissant les autres plans pour se concentrer uniquement sur le plan matériel, nous avons acquis une connaissance inégalée de la structure de la matière ainsi que des choses matérielles (et avons complètement perdu la connaissance pratique des choses non-matérielles –comme les choses spirituelles- qui nous semblent abstraites aujourd’hui –si tant est qu’on y croie- alors qu’elles étaient concrètes pour les anciens).
Plusieurs personnes croient une chose ou une autre sans jamais l’avoir vue (Dieu, les extraterrestres, les farfadets, n’importe quoi); ce qu’ils croient est peut-être vrai, peut-être pas, à moins de chercher à savoir, difficile de s’en faire une idée exacte (réfuter ce qu’ils disent sans même l’examiner n’est pas très logique et c’est anti-scientifique). Comme il n’est pas question de croire aveuglément, être sceptique dans ce cas est donc parfaitement légitime –et même recommandable. On parle alors de scepticisme raisonnable.
Par contre, il y a des cas où le scepticisme est déraisonnable car il nous limite extrêmement en nous empêchant de croire à des choses qui sont utiles mais dont nous sommes incapables de nous assurer de la véracité par nous-mêmes. Par exemple, quelqu’un qui lirait son journal du matin, puis vérifierait systématiquement tous les faits rapportés ferait preuve d’un scepticisme DÉRAISONNABLE. De plus, cela impliquerait qu’il n’a aucune confiance dans les journalistes.
Il est DÉRAISONNABLE de douter de certaines choses AVÉRÉES (c.a.d. des choses dont il y a de nombreux témoins –souvent dans beaucoup de pays ou à diverses époques) -comme la lévitation –sous prétexte qu’on n’en a pas soi-même l’expérience. Douter dans ce cas équivaut à dire que ces témoins ne sont pas dignes de foi. Il est déraisonnable aussi de douter des nombreux témoignages de ceux qui sont passés par une NDE (Near Death Experience) sous prétexte qu’ils n’en ont pas eux-mêmes l’expérience: si les sceptiques ne croient pas ces expériences de NDE –convergentes, je le rappelle- est-ce que ça veut dire qu’ils doivent eux-mêmes mourir pour savoir ce qui se passe après la mort?
On remarque que le sceptique se base sur la raison pour déterminer la réalité d’une chose. Or la raison –comme la logique et les autres facultés du mental- est subjective et partiale: elle peut très bien nous protéger des erreurs des émotions et des sentiments. Mais là s’arrête sa compétence: elle est INCAPABLE de rendre l’Homme heureux et ne peut en aucun cas juger de ce qui est supérieur à elle (à moins de croire que la raison est la chose la plus supérieure de tout ce que l’évolution ait créé, et qu’après avoir fait l’Homme, devenue inutile, elle n’aie plus qu’à disparaître).
Comme on le voit, le scepticisme joue un rôle très important dans la recherche de la vérité: sans lui, nous serions depuis longtemps la proie de superstitions; c’est donc une sorte de “barrière” de protection qui empêche la superstition de nous atteindre. Le scepticisme est comme une coquille d’oeuf: protégé par sa coquille, le poussin peut croître à l’abri du monde extérieur. Mais on ne vit pas éternellement dans une coquille, un jour on en sort.
Quand il n’aura plus besoin de “coquille”, le sceptique ouvrira les yeux au monde, et verra que son scepticisme ne le protégeait pas seulement des superstitions, mais aussi des merveilles de l’esprit.
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