On sait que les 5 sens nous informent sur le monde dans lequel on vit. Pour être précis, toutes les informations des sens sont acheminées via tout un réseau de nerfs vers le cerveau (siège du mental), et c’est le mental qui nous dit comment est le monde. Récemment on s’est aperçu qu’on ne voit pas le monde tel qu’il est, on ne voit que ce que le mental en nous peut en voir (c.a.d.une toute petite partie de la réalité). En fait, le mental ne nous montre qu’une APPARENCE des choses et pas leur RÉALITÉ; c’est comme s’il ne voyait du monde qu’une mince croûte superficielle et que la majeure partie lui échappait.
De plus il est extrêmement subjectif: le feu, par exemple: s’il détruit ma maison, je le trouve mauvais, et s’il cuit mon repas, je le trouve bon, mais EN RÉALITÉ le feu n’est ni bon ni mauvais: il brûle, c’est tout. Ainsi j’ai une perception subjective des êtres et des choses de mon entourage qui ne correspond pas à la réalité. C’est grave: ça veut dire que je ne vois JAMAIS mon chien, ma maison ou Bernard tels qu’il sont en réalité. Je ne les vois que tels qu’ils apparaissent à mon mental (c.a.d. COLORÉS/TEINTÉS par le mental), et dix personnes verront 10 Bernard (ou chien ou maison) différents, chacun selon sa faculté mentale.
Ce n’est pas de la spéculation, c’est un FAIT. Depuis des siècles la spiritualité nous avertit: “Le monde est illusion” (ce qui veut dire qu’il n’est pas comme nous croyons qu’il est: nous le percevons faussement). Récemment la science s’est aperçu de cela aussi: “L’observateur influe sur la chose observée” (Hubert Reeves). Autrement dit, TOUTES NOS PERCEPTIONS SONT FAUSSES: par le seul fait qu’il les regarde, le mental colore les choses, de sorte qu’elles nous paraissent quelque peu différentes de ce qu’elles sont réellement. C’est comme voir le monde à travers des lunettes-soleil: on reconnait bien les choses, mais elles sont TEINTÉES (vues à travers les lunettes colorées du mental).
Rien n’est perçu purement, tel que c’est, TOUT est perçu à travers le mental: c’est lui qui interprète les messages des sens. Normalement ce qu’on perçoit par les yeux devrait être pareil pour tout le monde; mais ce n’est pas le cas, et le même chien paraîtra différent pour Pierre et pour Paul: l’un verra un chien méchant et se sentira en danger, et l’autre verra un chien de garde et se sentira en sécurité, chacun selon sa SUBJECTIVITÉ propre.
Il a même convaincu tout le monde que nous avons chacun un mental. Mais en réalité il n’y a qu’UN mental qui, en passant à travers l’égo de chacun, permet MA pensée, TA pensée, SA pensée (tout comme il n’y a pas mon oxygène, ton oxygène, son oxygène; il y a “L”‘oxygène, et ça nous permet à tous de vivre).En fait, nous avons chacun un cerveau, mais il n’y a qu’UN mental (un peu comme de multiples terminaux d’ordinateur branchés à l’ordinateur central d’où ils tirent toute leur connaissance). Où que nous soyons dans le monde, NOUS SOMMES TOUS RELIÉS. La distance est une ILLUSION. Ce n’est que pour le mental que la distance existe, ce n’est que le mental qui distingue une chose proche et une chose loin; en dehors du mental TOUT EST SIMULTANÉ, AU MÊME ENDROIT EN MÊME TEMPS (et 1m ou 1km, c’est la même chose).
Le mental a toujours été comme cela, mais on ne le savait pas; c’est seulement maintenant que beaucoup s’en aperçoivent (ou plutôt LE SENTENT). Au tout début et pendant longtemps le mental a permis à l’Homme de s’élever au-dessus des espèces animales et de prendre la tête de l’évolution. Alors fort de son succès, au cours des siècles l’Homme a bâti une civilisation basée sur sa nature mentale. De nos jours, cependant, de plus en plus de personnes constatent les résultats catastrophiques de cette civilisation (pollution de notre propre environnement –LE SEUL que nous ayons, appauvrissement graduel de la Terre que nous dépouillons de ses richesses sous prétexte d’exploiter ses ressources naturelles, sans parler de la menace d’extinction que nous faisons planer sur plusieurs espèces animales en détruisant leur habitat).
C’est un constat d’échec: non seulement notre faculté mentale, qui devait apporter le bonheur à l’humanité, n’a pas tenu ses promesses, mais elle tourne carrément le dos à cet objectif: aujourd’hui une forte majorité de gens peut constater que le mental est incapable de rendre l’Homme heureux (il ne peut que s’assurer que notre corps –une toute petite partie de l’être humain- a suffisamment de possessions matérielles); quant au bonheur absolu, la religion nous affirme qu’il existe bien, mais le situe “au ciel” seulement (c.a.d. loin de la terre) de sorte que nous devons mourir avant de pouvoir y accéder.
En fait nous constatons que le mental (comme tout ce qui existe) n’a pas que des points forts: il a des limitations aussi (et en se développant, qualités et défauts se développent aussi, naturellement). Ce qui fait que, d’utile qu’il était au commencement, le mental est maintenant devenu un carcan qui nous empêche d’aller plus loin. Comme dit Sri Aurobindo: “Le mental fut une aide, le mental est l’obstacle” (Pensées et aphorismes). Le fait que nous touchions sa limite aujourd’hui est une excellente chose. Il suffit de réfléchir: tant qu’on est dans notre pays, on est libre d’aller et venir à sa guise; mais quand on approche de la frontière, on sait que de l’autre côté, on n’est plus chez soi: c’est un pays étranger. Pour le mental c’est la même chose: si on touche la limite, ça veut dire que de l’autre côté ce n’est plus le mental. Et puisque NOUS SOMMES EN PLEIN DANS L’ÉPOQUE OÙ ON TOUCHE LES LIMITES DU MENTAL, ça veut dire que le moment est proche où l’ensemble de l’humanité se retrouvera “de l’autre côté” du mental qui est INCAPABLE de nous rendre heureux.
Si le mental ne peut nous rendre heureux, c’est qu’il n’est pas fait pour cela. En lui-même le mental est très utile, simplement il est mal utilisé (c’est comme tenter d’utiliser un marteau pour faire des trous dans une planche: le marteau est un bon outil, mais il n’est pas fait pour percer des trous; il y a un autre outil pour cela). Le mental est simplement utilisé pour ce qu’il ne peut pas faire (nous rendre heureux), pour autre chose il est très bien: par exemple, il n’a pas son pareil pour imiter la nature (l’étudier afin d’en tirer des inventions utiles à notre bonheur). Nous utilisons mal le mental: pas étonnant que les résultats soient catastrophiques. Il faut apprendre à l’utiliser d’une toute autre manière (c’est ce que j’appelle “changer de regard”).
Le prochain article sera consacré à ce “changement de regard”.
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