En me promenant sur le web, je suis tombé par hasard sur le site d’EL MOUDJAHID (un quotidien algérien) qui avait publié le mois dernier un article intéressant intitulé Ephéméride 2011 : Le monde en ébullition. Cet article rejoignant mes propres idées sur l’année 2011 (printemps arabe, crise de l’euro, indignés, etc), j’ai donc décidé d’écrire davantage sur la caractéristique de notre époque.
Il m’était déjà apparu évident que 2011 n’était pas une année comme les autres: il y avait un “avant” et un “après” 2011 (j’ai même écrit quelque part que 2011 était au monde ce que MAI ‘68 était pour la France). Mais comment caractériser la présente année? Sûrement, le monde ne connaîtra pas un “mai ‘68” à chaque année. Alors?
Que notre monde connaisse de profonds changements est évident pour tout le monde, il faudrait se fermer les yeux pour ne pas le voir (“demain ne sera pas une simple continuation d’aujourd’hui, ce sera très différent”); ce n’est pas de la spéculation, les causes sont archi-connues et les scientifiques ont mesuré la vitesse du changement; bref, ça va arriver de façon certaine d’ici quelques dizaines d’années (c’est DÉJÀ commencé). Mais qu’est-ce que cela veut dire? Y a-t-il un sens à tous ces changements? Il est facile de répondre si on se souvient que tout ce qui se produit (les bonnes comme les mauvaises choses) contribue à bâtir le monde de demain.
Il n’y a que dans la bible qu’Adam est “logé/nourri” gratos dans un “papa-radis” terrestre, sans autre obligation que d’obéir à son “père éternel”; dans la vraie vie, ON RÉCOLTE LES CONSÉQUENCES DE NOS ACTIONS. Inutile de se plaindre que les conditions de vie sont insupportables: c’est nous les Hommes, qui en avons semé les graines, et si nous voulons un monde plus agréable demain, c’est aujourd’hui qu’il faut en planter les graines.
Il suffit de connaître l’Homme pour savoir que c’est un être très intelligent, qui a été capable dans le passé non seulement de surmonter favorablement ses problèmes/difficultés (guerres, catastrophes naturelles, dangers de toutes sortes), mais encore de se développer malgré ces conditions, et un minimum de connaissance nous rassure: ce ne sera pas différent cette fois. Mais son intelligence, étant de nature binaire, l’oblige à “connaître le problème avant de le surmonter”.
Et “connaître” ne veut pas dire “savoir théoriquement” mais “expérimenter, vivre le problème” (ON NE SURMONTE UN PROBLÈME QUE SI ON LE CONNAÎT RÉELLEMENT). Cette caractéristique explique les problèmes qui semblent l’accaparer: il a besoin de sentir qu’un problème est réel pour pouvoir s’y attaquer et le vaincre. En d’autres mots, l’Homme n’a pas fini d’avoir des problèmes puisque c’est en les résolvant qu’il progresse.
Si le monde de demain ne sera pas une continuation d’aujourd’hui (personne ne voudrait que demain soit comme aujourd’hui), ça ne veut nullement dire qu’il n’y aura pas continuité; il devrait être évident que ce monde ne nous tombera pas “tout cuit dans le bec”. Puisque le monde de demain sera le résultat de ce que nous aurons fait, d’une part, et qu’il sera très différent de ce qu’il est aujourd’hui, d’autre part, il n’est pas difficile d’en déduire que c’est NOUS qui allons changer, et qu’étant différents, nous ferons le monde différemment (pour plus de détails voir Le changement). Mais DIFFÉRENTS comment?
De toute évidence, un quelconque changement physique en 1 ou 2 générations à peine est strictement impossible. Alors, puisqu’un changement est inévitable, il ne peut être que psychologique, et il y a un moyen simple de savoir quels seront ces changements psychologiques: nous serons différents, alors regardons ce que nous sommes aujourd’hui, et on saura de façon certaine que “ce sera différent”. Autrement dit, comme ça nous manque aujourd’hui, nous voudrons le développer.
- On ne peux pas dire que c’est la joie aujourd’hui et à part en présence de quelques amis, on n’oserait jamais rire en public: on craindrait de passer pour fou. Il n’y a qu’à voir nos visages dans le métro aujourd’hui: il nous SEMBLE NORMAL d’être si sérieux qu’on pourrait croire que quelqu’un vient de mourir; au contraire, demain notre bonheur se lira sur nos visages souriants.
- À cause de notre façon de vivre individualiste, quelqu’un qu’on ne connaît pas personnellement est considéré comme un étranger (il est ÉTRANGER à notre cercle -très étroit- d’amis); c.a.d. que notre façon de vivre est extrêmement étroite. On n’a qu’à penser à quelqu’un qui est en panne sur une autoroute achalandée et qui demande de l’aide: il a été démontré qu’il pouvait facilement se passer 20 minutes avant qu’une personne ne s’arrête pour l’aider. C’est INADMISSIBLE. Et si c’était nous le “quelqu’un en panne”?
- De nos jours on semble avoir oublié que mourir est NORMAL et que la mort fait autant partie de la vie que la naissance; on expose même le corps de quelqu’un qui vient de mourir dans un édifice à part (un “salon funéraire”); c’est dire que notre idée de la mort est si erronée qu’il nous faille faire un virage à 180 degrés. (CE SUJET EST SI IMPORTANT QUE JE LUI CONSACRERAI UN ARTICLE PROCHAINEMENT)
Nous serons différents, c’est certain. Mais comment cela se produira-t-il? Est-ce que chaque individu changera? Ou encore chaque pays? Est-ce que quelques-uns seront les premiers et donneront l’exemple? Il semble y avoir là un obstacle insurmontable (pour le mental –qui peut si peu- c’est effectivement “INSURMONTABLE”). Dans cette cacophonie de pays (195 selon l’ONU), quel sera celui qui commencera et donnera l’exemple? La Russie? La France? Les USA? Il n’y a qu’à voir: l’Arctique fait partie du territoire canadien; et maintenant que la glace fond, 4 pays guettent le moment où ce ne sera plus que de l’eau pour se disputer la propriété du fond marin. Alors non, on ne peut pas compter sur “un premier qui donne l’exemple”. Il faut absolument que ce soit tout le monde en même temps. Et puis nous oublions toujours qu’il n’y a que très accessoirement 195 pays; en réalité, nous faisons tous partie de UNE humanité.
Ce ne sera donc pas un changement individuel ou de pays: comme nous faisons tous partie de l’humanité il suffit que le changement arrive dans L’HUMANITÉ DANS SON ENSEMBLE pour que tout le monde dans tous les pays adopte la nouvelle attitude. Irréaliste? Utopique? Pourtant les exemples ne manquent pas: de nos jours les idées de “respect/protection de l’environnement” (recyclage par exemple) sont largement répandues partout, alors qu’il y a à peine 20 ans cela n’intéressait personne (sauf Greenpeace).
Le changement d’attitude passe donc par l’espèce humaine: si une chose devient importante pour l’espèce, elle sera automatiquement importante pour tous les individus et tous les pays. “DEMAIN” sera différent. Bon! Mais c’est quand “demain”? C’est graduel: on n’est pas dans le présent pendant des années, puis tout à coup, boum! c’est l’avenir. NON! L’avenir commence MAINTENANT (les graines qu’on plante aujourd’hui donneront des fruits demain). Il y a des choses aujourd’hui, qui auraient été impensables hier. Lors du tremblement de terre haïtien de 2009, par exemple, on a vu une incroyable solidarité de tous les pays pour ce petit état des Caraïbes durement touché (il y a à peine cent ans, une telle solidarité aurait été impossible).
Tout le monde connaît le proverbe “on récolte ce qu’on a semé”. C’est naturel, non? (c.a.d. que c’est une loi de la Nature). Mais l’Homme ne veut pas vivre selon la Nature: il se croit supérieur à elle et cherche à L’AMÉLIORER; il a même inventé une façon de vivre totalement inadéquate et complètement non naturelle (et qui ne peut donc que lui être nuisible): “Pierre récolte ce que Paul a semé”; de nos jours, ce qu’il y a de faux/erroné dans cette manière de vivre est d’une évidence accablante: tous les Paul de la terre trouvent de plus en plus INTOLÉRABLE que Pierre s’enrichisse de LEUR labeur, alors qu’eux s’appauvrissent.
Le moyen de protester contre cela n’est pas nouveau, il est archi-connu: LA GRÈVE GÉNÉRALE. Seulement ce ne sont pas les employés d’une usine qui font la grève pour protester contre leurs conditions de travail. C’est beaucoup plus général que cela: la grève TOTALE. Dans de très nombreuses villes du monde des centaines de milliers de gens ordinaires s’assemblent pour protester contre leurs conditions de vie (nourriture/logement trop cher, chômage élevé, etc.). Alors, on va voir de plus en plus de protestations de masse comme celles du printemps arabe ou des indignés. Irréaliste? Utopique? Ça s’est déjà produit, et c’est sûr de se reproduire car nous avons passé le point le point de non-retour (pour plus de détails, voir Occupons le monde)
Pourrons-nous faire une réalité effective (UNE humanité) de ce qui n’est aujourd’hui que théorique, ou sommes-nous à jamais condamnés à n’être qu’une juxtaposition d’états indépendants (j’allais dire individualistes), un curieux assemblage d’égocentrismes nationaux qui, lorsque leurs intérêts convergent, se prétend être “une communauté internationale”?
En fait c’est très simple (sauf pour le mental, qui voit des difficultés là où tout est simple): il faut UNIFIER l’humanité, en faire un bloc solide. Mais comment puisque nous avons vu que le mental ne peut pas faire cela, même s’il essaie? Eh bien il faut savoir que c’est en train de se faire à notre insu, invisiblement, dans le corps de chacun. Ça croît silencieusement en chacun (comme le foetus grandit dans le ventre de sa mère). Et un jour –très bientôt- ça sortira au grand jour.
Quand l’Homme naîtra véritablement, ce sera magnifique
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