Le progrès social prend souvent la forme d’une lutte ou d’une revendication: aujourd’hui il va de soi qu’un noir est l’égal d’un blanc et une femme, l’égal d’un homme, mais ça n’a pas toujours été comme ça; il y a à peine 100 ou 200 ans, ça allait contre les idées reçues; il y a donc eu militantisme, lutte et manifestations, jusqu’à ce que ces droits soient reconnus. À l’époque ça dérangeait: cette idée était si nouvelle qu’il fallait lutter pour que ça soit accepté par tout le monde.
Aujourd’hui, que des étudiants marchent bruyamment dans la rue et refusent la hausse des frais de scolarité ou exigent le droit à l’éducation gratuite, évidemment que ça dérange, on aimerait mieux qu’ils se tiennent tranquilles et que ce soit paisible “comme d’habitude”. Alors quand le gouvernement a passé une loi spéciale forçant le retour en classe, certains se sont réjoui: “Enfin, le retour à la normale!”
Sauf que… cette loi n’a rien réglé puisque les étudiants défient la loi, et continuent leurs manifs comme si rien ne s’était passé –excepté qu’il y a plus d’indignation et de colère, parfois aussi de violence (une association étudiante –CLASSE- appelle même à la désobéissance civile). De plus, on s’aperçoit que cette loi n’est pas destinée aux seuls étudiants: elle fixe le cadre DE TOUTE MANIFESTATION, et si ça n’entre pas dans ce cadre-là, la manifestation est déclarée illégale et les participants peuvent être arrêtés. C.a.d. que pour régler le “problème” étudiant, le gouvernement a choisi une solution qui touche TOUT LE MONDE (pas étonnant que ça soulève l’indignation: c’est comme utiliser une bombe atomique pour tuer une mouche; LE GOUVERNEMENT A FAIT PLUS DE DOMMAGES EN VOTANT CETTE LOI QUE LES ÉTUDIANTS EN 14 SEMAINES DE MANIFS).
Alors on ne sera pas surpris de savoir que le conflit étudiant, loin d’être réglé, s’est étendu à de nombreux autres groupes: les trois principales centrales syndicales (CSN, FTQ, CSQ), le Barreau du Québec, les enseignants, l’Ordre des Infirmières, l’Alliance de la Fonction Publique, la Société St-Jean-Baptiste et de nombreux artistes sont INDIGNÉS par cette loi; quand cette loi n’était encore qu’à l’état de projet Radio-Canada rapportait: “La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a affirmé que le projet de loi proposait de «violer les droits d'associations et la liberté d'expression» et l'a qualifié «d'ignoble». Les députés indépendants Lisette Lapointe et Pierre Curzi, ainsi que Jean-Marie Aussant, d'Option Nationale, ont aussi dénoncé le projet de loi. Le chef du parti Québec solidaire, Amir Khadir, a abondé dans le même sens vendredi, appelant la population à «réfléchir à la possibilité de désobéir à cette loi de manière pacifique». Québec solidaire s'engage à invalider cette loi et appuie le recours légal pour une requête en nullité de la loi, a ajouté M. Kadhir”. Bref, on peut raisonnablement dire que cette “loi spéciale” a indigné presque tout le monde (avec une exception toutefois: l’Association des commerçants (qui ont vu leurs sacro-saints profits diminuer pendant la grève).
Mais on ne s’en étonnera pas si on sait ce que représentent les forces en présence (les jeunes, le gouvernement et la police). Disons tout d’abord que, dans toute cette histoire, il n’y a pas “des bons et des méchants”: quel que soit le groupe auquel nous appartenons (ou que nous soutenons), c’est de NOUS (les êtres humains) dont il s’agit; et chacun veut une chose différente (le gouvernement veut une chose et les étudiants en veulent une autre); et nous prenons PARTI pour l’un ou l’autre (c.a.d. que nous sommes PARTIaux); évidemment, on ne peut qu’être partial, à moins d’être INDIFFÉRENT. Autrement dit, la preuve que nous ne sommes pas indifférents, c’est que nous sommes partiaux (c’est-y pas beau la logique?); prendre POUR les étudiants et CONTRE le gouvernement (ou l’inverse), c’est être partial (exactement comme si, dans un même corps, la main gauche était POUR le coeur, tandis que la main droite est CONTRE). Et nous nous demandons pourquoi la société est malade!
Pour tout le monde dans tous les pays, LES JEUNES représentent l’avenir, LE GOUVERNEMENT, l’ordre établi (le passé) et LA POLICE, la défense du passé. Autrement dit, les jeunes, c’est ceux qui poussent pour prendre “leur place au soleil” et ils nous aurons remplacé dans 10, 20 ou 30 ans; le gouvernement (que NOUS nous sommes donné) garantie la pérennité de NOTRE société (de NOS institutions), et se sert de la police pour les protéger de tout ce qui est perçu comme une menace.
Tout cela est nécessaire. Sans les jeunes, il y a longtemps que notre société se serait sclérosée, et sans le gouvernement, nous manquerions de la stabilité nécessaire. Nous avons donc besoin des deux pour réaliser l’équilibre. Et puis, nous oublions toujours que, il y a 10, 20 ou 30 ans, c’était nous les jeunes qui poussaient pour un monde meilleur.
Mais comment une action locale (comme une grève au Québec) peut-elle avoir une action à l’échelle de la planète? Il faut savoir qu’il n’y a QUE TRÈS ACCESSOIREMENT 195 pays (comme le Canada, la France, la Tunisie ou le Japon). EN RÉALITÉ il n’y a qu’une planète terre (et nous y vivons tous). Alors s’il y a grève des étudiants au Québec, c’est sur TOUTE LA PLANÈTE que ça se répercute (…et si l’Iran prépare la bombe, ça NOUS regarde tous car c’est NOTRE planète).
Pareillement, le printemps arabe s’est passé dans les pays arabes, mais c’est toute la planète qui s’en est porté mieux. Los indignados d’Espagne, Occupy Wall Street des États-Unis ne sont que très accessoirement des mouvements locaux: à chaque fois c’est LA TERRE TOUTE ENTIÈRE qui a fait un progrès. NOUS NE VOYONS QUE L’APPARENCE DES CHOSES, ET PAS LES CHOSES TELLES QU’ELLES SONT RÉELLEMENT.
Tout ce qui arrive est INTER-CONNECTÉ. La distance est une illusion: ce qui se passe dans UN pays a des répercussions PARTOUT. Quel est le sens de ce conflit? On sait que c’est plus qu’une simple grève: qu’est-ce que c’est alors (révolte, rébellion, ras-le-bol)? Où cela mène-t-il? Qu’est ce qui va se passer? C’est précisément ce que la 3e partie (Et demain?) dira.
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