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Gérer ses émotions


(Suite de SENTIMENTS ET ÉMOTIONS : Un peu de théorie)





Je te salue ami lecteur


On peut comparer les émotions à une tempête qui fait rage car elles sont souvent violentes. Quand c’est la tempête dehors on ne peut rien faire, il faut attendre que ça passe. Si on ne veut pas être immobilisé (= empêcher d’avancer, de progresser) par les émotions, il faut donc les maîtriser (faire que ce ne soit plus une tempête). C’est tout à fait possible, bien sûr, il faut savoir comment, c’est tout.

D’après le karma, TOUT ce qui fait partie de nous (y compris les émotions) peut être utilisé pour nous faire progresser. Mais comment le karma peut-il nous y aider? Par l’acceptation de ce qui est, ce qui veut dire l’A.C.C.E.P.T.A.T.I.O.N de TOUT ce qui est en nous (toutes les pensées, tous les sentiments, toutes les émotions -et plus encore). Et acceptation veut dire "être d'accord à 100%" pour que ce qui EST de toutes façons soit.
S'il pleut, tu ne peux qu'accepter: eh bien, oui! IL PLEUT. Pour les émotions, c'est pareil: eh bien oui! Il y a cette angoisse, là, en moi. Accepter/adhérer/être d'accord à 100%.

En fait, c’est simple. Rien ne sert de souhaiter que la tempête n’existe pas : elle EST là, et elle souffle (et si je ne suis pas prudent, elle peut causer des dommages). Je n’ai d’autre choix que de reconnaître qu’il y a une tempête, et à partir de là je peux agir (pour m’en protéger par exemple, ou pour L’UTILISER). L’émotion, c’est pareil. Inutile de nier : elle EST là; si j’ai une peur, ça ne sert absolument à rien de faire comme si je n’en avais pas, d’essayer de la transformer en son pendant positif, etc. (les émotions n'ont pas de côté positif1
. JAMAIS). Mais les émotions contiennent beaucoup d’énergie, de force (c’est pour cela qu’elles peuvent faire leur dégât) et si je suis suffisamment habile, je peux UTILISER leur énergie sans subir les dégâts.

Mais quoi faire pratiquement pour accepter? Par l’observation NEUTRE de tous ces mouvements en nous. Neutre signifie «qui ne juge pas», et ça permet de voir les choses comme elles sont; et si on voit les choses telle qu’elles sont, on est capable d’agir dessus. Par exemple, on s’attend à ce qu’un médecin soit neutre vis-à-vis de la maladie, et un médecin qui dirait « Pauvre monsieur, je suis vraiment désolé de votre cancer; c’est une maladie horrible » serait considéré comme un mauvais médecin parce qu’il manque de neutralité. Si j’ai une angoisse et que je croie qu’elle est mauvaise, je manque de la neutralité nécessaire pour agir dessus. Il faut l'observer de façon détachée, comme si c'était l'angoisse d'une autre personne.

Il en découle qu’observer ses émotions de façon neutre, comme le témoin impartial d’une scène, ou comme si j’observais les émotions d’une tierce personne mène à un détachement, qui peut être poussé assez loin, et qui est tout le contraire de l’indifférence puisqu’on devient éminemment sensible à tout ce qui se produit (en dehors et à l’intérieur de nous2). Il y a une chose qu’il faut absolument éviter : se battre mentalement contre les émotions. Non seulement c’est épuisant, mais ça ne donne aucun résultat valable. Et puisque les émotions font partie de nous au même titre que le mental, à essayer de les supprimer on risque de se mutiler.


On ne doit pas se décourager si ça ne réussit pas les premières fois. Il faut être patient et persévérant (si tu sèmes une graine aujourd'hui, tu ne t'attends raisonnablement pas à cueillir une pomme demain, n'est-ce pas?) Mais on peut garantir ceci: tous ceux qui persévèrent sont certains de réussir. CHERCHES ET TU TROUVERAS.

Il ne faut pas supprimer les émotions, mais on doit les dépasser. Et pour cela le mental a un rôle irremplaçable à jouer. Ce n’est pas très facile (ni très difficile), ça prend généralement du temps, mais c’est à la portée de tout le monde (à la condition que «c’est cela qu’on veut»). Et le résultat vaut cent fois l’effort investi : la libération des émotions. Le mot émotion vient du latin e motio, qu’on peut traduire par MOUVEMENT HORS DE SOI, et puisque le but recherché c’est se connaître, les émotions vont dans la direction diamétralement opposé. Pourquoi libération, sommes-nous prisonniers3?

Nous savons que dans la vie il y a des hauts et des bas, des événements heureux et des événements malheureux. Et nous sommes OBLIGÉS de nous réjouir dans les événements heureux et de pleurer dans les événements malheureux. Ce n’est pas un statut d’Homme libre, c’est un statut de prisonnier. C’est de cet asservissement qu’il s’agit de se LIBÉRER. Et quand est-ce qu’on comprend que la vie est comme une prison? Quand on touche les murs de sa prison. Toucher un mur c'est sentir la limitation à notre liberté; et ça éveille en nous un fort désir de se libérer de la prison (et ça, c’est un bon signe).
___________________

1. Par contre les SENTIMENTS en ont un, et changer un sentiment négatif en sentiment positif (comme la lâcheté en courage) équivaut à transformer une faiblesse en force : il n’y a que des avantages. 2. D’ailleurs si l’on pousse cette neutralité assez loin, la frontière entre intérieur et extérieur disparaît, tout arrive «à l’intérieur de soi» car on ne sait plus où finit MOI et où commence l’AUTRE. 3. Ceux qui ne sentent pas que la vie actuelle est une sorte de prison et qu’ils sont ballottés comme un bouchon de liège dans un torrent, tournant à droite ou à gauche au gré des courants, n 'ayant AUCUN contrôle sur leur vie, pourquoi voudraient-ils se libérer? Qu’ils vivent du mieux qu’ils peuvent.

7 commentaires:

Anonyme a dit...

mais accepter ne veut pas dire non plus laisser faire, on a tendance à souvent mélanger laisser faire et lâcher prise, il faut au contraire chercher la solution, s'il pleut, si on ne veut pas être malade (par exemple ;))) ) on peut chercher un abri, et après on peut s'en tenir à ce que disait Shantideva dans le Bodhicaryavatara :
« S'il y a un remède, à quoi bon le mécontentement ? S'il n'y a pas de remède, à quoi bon le mécontententement ? »

Pour ce qui est du médecin, s'il est désolé de notre maladie, c'est en effet surprenant, car en quoi est il responsable (à moins qu'il ne le soit ;)) )
mais qu'un être humain soit sensible à mes pbs, ne me gêne pas, cela s'appelle l'empathie, ou la compassion (souffrir avec) pour autant que cela ne l'enferme pas lui non plus dans cette "souffrance", mais que sa présence, l'échange permette au contraire une ouverture depuis cette souffrance

chaleureusement

Jigé a dit...

Merci, Lung Ta, de ton commentaire. Dans un petit texte d'une demie page comme le mien on ne peut pas tout dire, alors c'est une chance lorsque qqn dit une chose qui le complète très bien.

Bien sûr qu'accepter ne signifie pas laisser faire. Tout le monde constate que dans ce monde il y a "des bonnes choses" et "de mauvaises choses"*. C’est évident qu’on ne peut pas laisser faire "les mauvaises choses". Mais si on veut avoir une chance de les changer il faut d'abord ACCEPTER. Si je veux avoir une chance de guérir de mon alcoolisme, il faut au préalable que je reconnaisse (accepte) que je suis alcoolique. Les problèmes, maladies, etc. sont les mensonges du monde matériel: les laisser faire, c’est laisser faire le mensonge.

« Lâcher prise » veut dire renoncer à ma façon de voir le monde (qui est catastrophique, on le constate maintenant) pour reconnaître ma nature profonde, divine; et si je reconnais cette part divine de mon être, je ne peux que «chercher la solution». D’ailleurs nous n’avons des «problèmes» que pour trouver la solution (exactement comme l’élève à l’école).

TOUS les êtres humains (y compris le médecin) peuvent être sensibles au problème de n’importe quel autre être humain puisque nous sommes UN (nous sommes UNE espèce humaine composée de 6 milliards d’individus), et l’empathie (ou la compassion) pointe vers cette unité.
______________________
* C'est le mental qui distingue les choses en bonnes ou mauvaises. En elles-mêmes elles n'ont pas cette distinction.

Anonyme a dit...

Bjr,
Merci pour ton texte Jigé..
En effet, l'acceptation de ce qui est... Puis la distanciation qd c'est possible qd on voit enfin une alcamie...
Je sors enfin de ma tempête émotionnelle...Et je peux lire tes 2 textes sur les émotions... qui me parlent. Le mental est une force très puissante pour résister à ce qui est. Je pense qu'il est un obstacle conséquent(en ce qui me concerne) à cette acceptation... et face à une tempête émotionnelle, le mental est en alerte et n'arrive plus à gérer (pour un temps). Car enfin il faut arriver à dépasser le fait "d'accepter ce qui est" et de "se distancier" par une compréhension mentale pour "ETRE" tout simplement "ce qui est"... En tous cas au cours de chaque épreuve que l'on rencontre, même si parfois le brouillard est si épais que l'on ne croit plus à rien; il faut garder à l'esprit que c'est un apprentissage de soi et que, comme tu me l'avais écrit ds un commentaire, que ça ne dure JAMAIS. Ces épreuves permettent, une fois dépassées, de s'approcher un peu plus de cette "libération" dont tu parles par une meilleure connaissance de soi et donc de l'Autre et aussi de la Vie...
Merci pour tous ces textes Jigé et ce blog.
Amitiés

Anonyme a dit...

Rebonjour,
J'ai oublié de te demander ton avis sur l'origine des émotions. Comment se créent-elles? D'où viennent-elles?Pourquoi restent-elles en nous plutôt qu'être hors de nous (puisque c'est là la finalité)? Et à quoi servent-elles selon toi (à part être une meilleure connaissance de soi?)?
Merci de tes réponses.
A très bientôt

Jigé a dit...

salut grenouille,
je veux bien te répondre mais tu es anonyme; impossible donc...

Mabes a dit...

super importante la distinction émotion et sentiment ! je me souviens du moment où j'ai réalisé que je ne savais pas les distinguer dans une situation importante pour moi...
le mental aussi à lâcher et à distinguer de l'intelligence ou buddhi, non ? Le mental est stupide, origine des émotions ou les alimentant.
Amitiés blogiques.

Sévy San a dit...

Salut Jigé,
Voici mon email la_niak@hotmail.com
A très bientôt

Grenouille

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QUI EST DONC CE JIGÉ?

Ma photo
Laval, Québec
L'AVC qui a laissé mon corps handicapé en 1990 m'a aussi donné une compréhension inouïe de tous les êtres vivants (surtout humains mais aussi animaux).
Les scientifiques disent que nous utilisons seulement 10% du cerveau. Peut-être mon 10% s'est-il légèrement déplacé car des choses qui sont faciles à la plupart me sont impossibles ou difficiles et des choses qui leur sont extraordinaires sont très ordinaires pour moi.

Mes amis disent que je suis philosophique car je ne prends pas la vie pour acquis: je la questionne jusqu'à ce qu'elle me donne des réponses. Mais cela m'a amené à découvrir quelques uns de ses secrets, et ces secrets, je veux les partager avec toi, ami. (Voir L'HOMME QUI CHERCHAIT DES RÉPONSES -juil. 2008)

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