Le paradis terrestre
On nous a dit qu’il y a deux paradis : d’un côté le terrestre d’où Adam1 fut chassé (pour avoir mangé une pomme!), et de l’autre le céleste, celui où nous espérons aller après notre mort (car il existe bel et bien nous promet la religion –elle peut promettre ce qu’elle veut, personne n’est revenu nous dire si c’est vrai!) Donc il y aurait deux paradis et nous n’avons accès ni à l’un ni à l’autre.
Comment qualifier notre vie? Certainement pas de paradisiaque car nous n’avons pas accès au paradis. Infernale non plus car il y a de bons moments tout de même, non? Ah! Ça y est! J’y suis! La religion ne dit-elle pas que nous sommes ici pour expier une sorte de péché originel qu’aurait commis notre ancêtre Adam jadis et que la vie sur Terre n’est qu’une «vallée de larmes»: le vrai paradis est après la mort seulement –si je n’ai pas fait de "péché"; alors là j’ai le droit de jouer de la harpe et «chanter les louanges du Seigneur» pour toute l’éternité; youppi, quel bonheur!
Excusez-moi mais je suis comme Thomas : je ne croirai que lorsque je pourrai voir. Et pas avec mes yeux intérieurs, avec mes yeux de chair, ceux de tous les jours. Et s’il n’y avait pas deux paradis, le terrestre et le céleste? S’il n’y en avait qu’un seul? Auquel cas les conséquences seraient formidables. Tout d’abord, plus besoin de mourir pour aller au paradis: c’est partout autour de nous, nous sommes en plein dedans. Il n’y a qu’à apprendre comment y avoir accès2. Ce n’est pas très difficile et c’est tout à fait naturel; en fait ce n’est pas facile non plus, mais ça c’est parce que nous n’avons pas appris les simples règles: il faut apprendre, c’est tout (et c’est aussi simple que de suivre les conseils d’un guide pour gravir une montagne). Autre conséquence –qui découle de la première- toutes les religions deviennent inutiles: le paradis, nous y sommes; pas besoin de prêtres, pasteurs ou imams pour nous servir d’intermédiaires.
Mais le plus beau, c’est que nous sommes toujours heureux (pas besoin d'attendre d'être mort). Bien sûr il y a encore des hauts et des bas, mais c’est très différent; les hauts sont moins hauts et les bas, moins bas : tout est plus harmonieux, moins extrême. D’ailleurs tout cela change complètement de nature; les hauts sont une sorte de leçon et les bas, une autre sorte de leçon. On apprend de tout, c’est formidable. Et tous les contacts (avec les choses et les êtres) nous remplissent d’une joie particulière. Et c’est tout le temps comme ça, ce qui fait qu’il n’y a pas un instant où nous ne sommes pas heureux.
Et nous comprenons intimement les mots VIVRE DANS LE PARADIS. Voilà, frère, la découverte merveilleuse que tu vas faire. UN JOUR CE SERA PLUS BEAU QUE NOS PLUS BEAUX CONTES DE FÉE.
Maintenant tout est différent
Et pourtant tout est resté le même
Dicton zen
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1. En hébreu Adam est un nom collectif qui désigne l’être humain (l’espèce entière), et Ève (héb. Evah) la Nature universelle, qui fait intimement partie de lui. Alors la Nature, poussée par l’évolution (nahash, le serpent), poussa le singe à évoluer er à devenir Homme, en distinguant ce qui est bien et ce qui est mal (= manger le fruit de l’arbre du bien et du mal). La religion qui fit du serpent le symbole du Tentateur et du Mal s’adressait à une humanité dans l’enfance, et comme à tout enfant, on lui raconte une histoire; aujourd’hui l’humanité a vieilli et n’a plus besoin qu’on lui raconte des histoires mais de comprendre. 2. TOUS les animaux (du protozoaire au primate) vivent dans le paradis terrestre (mais ils ne le savent pas car ils n’ont aucun moyen de le savoir; d’ailleurs ça leur paraît très naturel car ils ne connaissent pas d’autres mondes). SEUL l’Homme ne vit pas dans le paradis terrestre. ______________________
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